Extrait du journal

Si le Maître revenait, revêtu de son humanité, parmi les hommes in quiets de l’avenir et plus que jamais avides de lumière, esl-ee que la foule ne se hâterait pas sur ses traees, comme dans les rues encombrées de Jérusalem, au temps lointain où se passait ce que nous rapporte l’Evan gile ? Et si, distraite par le tumulte de ses affaires et de ses tristes plaisirs, la masse égarée ne prenait point garde aux paroles divines, est-ce que les chrétiens, eux au moins, ne re cueilleraient pas, dans leur cœur fer vent les bienfaisantes leçons de Jé sus ? Le Seigneur a regagné, au jour de son Ascension, les demeures éter nelles. Mais il a laissé parmi les hommes la lumière pour les con duire à travers les lourdes nuées qui s’élèvent sur le chemin des siècles et qui, dans les jours présents, s’épaississent autour de nous. Ce n’est pas pour rien que Pierre a reçu la charge de confirmer ses frères dans ia foi et que le Pape est infail lible. * Chaque fois que le successeur de saint Pierre, s’adressant & tous les hommes, à l’exemple du Christ, dont il est le Vicaire, élève sa grande voix au-dessus des contradictions bruyantes de l’erreur, n’est-ce pas Notre-Seigneur lui-même que nous entendons ? Notre foi est-eile si va cillante et chétive que nous ne sa chions plus reconnaître l’accent de l’éternelle vérité ?... Il y a tant de bruit sur cette planète que, la parole des Souverains Pontifes s’y perd, comme la bonne semence sur les ro chers. Quel chrétien, ami de Ses frères et animé de l’esprit de conquête, ne s’est attristé parce que les Ency cliques, ces sermons sur la colline du Vatican, prêchés, corne celui de la Montagne, à tous les hommes et pour tous les temps, ne soient pas entendus ? , François Coppée a écrit cette phrase éloquente : « Des empires et des républiques disparaîtront, et d’autres empires et d’autres répu blique», avant que soit effacée de la mémoire des hommes une seule des paroles tombées des lèvres divines de Jésus-Christ. » Or, ce sont les mêmes lèvres divines qui nous parlent quand les Papes s’adressent pu monde dans la forme solennelle de son magistère souverain, et leurs paorles, écho Je la sagesse éternelle, elles non plus ne passeront pas. * Nous multiplions les œuvres avec une ingéniosité qu’aucun autre temps de l’Eglise n’a sans doute connue. Elles parent à des besoins sans nombre. Mais la -lumière n’estelle pas le plus, urgent besoin de ce siècle tourmenté et confus ? Les rayons splendides <Âi verbe infaillible des Papes frappent, à la vérité, les plus hautes cimes, et ils illuminent les penseurs chrétiens. Mais, après avoir resplendi sur les sommets, ils ne pénètrent pas assez, par notre faute, dans les vallées obscures et profondes où vit le peuple laborieux La foule, qui fut l’auditoire préféré de notre Maître, ne les perçoit pas. Elle est privée du soleil des intelligences, qui doit éclairer les humbles comme l’élite, et elle s’égare, elle se bouscule dans la nuit. Les Encycliques répondent & l'anxiété incessante qui accable les hommes au cours des temps, et aux difficultés qui varient avec la vie tourmentée des peuples. Elles sont, sous une forme magnifique et solen nelle, le catéchisme des vérités les plus actuelles et des leçons oppor tunes dont nous sommes indigents. Par quelle erreur ne faisons-nous pas le plus grand effort, d’abord pour les bien connaître, puis pour les ré pandre ? Et quelle œuvre est plus urgente que celle-là ? * Il ne suffit pas, pour la connais sance des Encycliques, qu’elles soient lues une fois, serait-ce d’un accent vibrant et clair, du haut de nos...