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La Croix, 20 avril 1933

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La Croix
20 avril 1933


Extrait du journal

normalement ce que font les soldats de l’argent qui leur tombe ainsi. Ce jardinier du jardin, étant Juif, ne fréquentait pas les mêmes cabarets. Je suppose qu’il allait boire chez la femme du Juif Errant, dont j’ai lu qu’elle tenait auberge ; mais son mari n’était plus là. Il courait déjà le monde. Je crois l’avoir rencontré en Pologne, l’an dernier. J’en ai vu, en tout cas, voilà longtemps, une bien curieuse image dans une vieille abbaye de Belgique, Salnt-Bavon de Gand. Il y a là, par terre, sur les dalles, entre autres vestiges de sculpture, un chapiteau représentant un homme assis devant sa maison. Sa tête, une tête énorme, qui atteint le premier étage, écrase un corps minuscule. Courbé, les jambes croisées, il a sans doute l’intention de déjeuner au frais sur le pas de sa porte. Sa main droite tient une écuelle et du revers de la gauche, d’un geste pesant et têtu, il écarte de lui le Christ chargé de la croix. Ce Christ est sculpté dans un angle ; les deux branches de la croix pointent de chaque côté. Et comme s’il n’avait pas assez de cette charge épouvantable, il s’y prend, pour la soutenir, de la plus tortu rante façon. L’homme qui lui refuse un instant de repos mérite assuré ment d’être condamné à courir jus qu’à la fin du monde... Mais ce fantôme vagabond, ce spectre de légende qui hantait autre fois l’imagination populaire m’inté resse moins que le mystère d’effroi et de joie qui pesa, quarante jours, sur le pays de Judée, autour du tom beau vide. De quoi parlait-on alors, je vous prie, dans les maisons et les au berges, et sur les places, et partout ? De peu de choses, semblera-t-il plus tard à de graves fonctionnaires ro mains, « une querelle de Juifs », dira le gouverneur Festus, ce à pro pos d’un certain Jésus », que les uns disaient, mort et les autres vivant. On a su depuis que lyi querelle avait une certaine importance, et au lendemain de l’événement, croyez que les gens n’en menaient pas large. Celui qui venait de disparaître ne laissait personne indifférent. Et voilà que ce disparu se mettait à réap paraître I On ne fait rien de. mieux, à notre époque, en aucun roman policier. Il me semble entendre ces soldats — ces soldats de l’occupation — parler en tumulte, avec de grands gestes et en salivant puissamment, du terrible tremblement de terre au milieu duquel ils ont vu passer des fulgurances de foudre et des blan cheurs de neige. Ce serait la plus belle peur de leur vie. Souvenir héroïque. Remarquez qu’il y a de la peur dans tous les souvenirs héroïques : celle qu’on a faite aux autres ou celle que les autres nous ont faite. Il n’importe : on y était. Et voyez aussi la tête des huissiers, procureurs, hommes de lois, très forts en jurisprudence, en pratique, en procédure, qui se prennent le menton dans la main en réfléchissant à cet extraordinaire bris de scellés. Eux n’y étaient pas. Et en quel état d’esprit pensezvous que fussent les autorités res ponsables de l’ordre public ? Ces princes des prêtres et ces pharisiens qui ont pris tant de précautions contre ce mort qui ne reste pas tran quille. Vont-ils le revoir, eux aussi? Car il est là, partout, l’invisible Vi vant, qui vous suit et qui vous guette... Il prend à l’improviste, vraiment « comme un voleur ». Dedans, dehors, où le fuir? Il passe au tra vers des murs et des portes closes, il va vous croiser sur le chemin ; vous allez le trouver assis à vos côtés dans l’estaminet du village, ou sur la montagne, ou au bord du lac, que vous soyez seul ou en compagnie, de nuit, de jour, au moment où le grillon du crépuscule se met à chan ter dans la haie comme à l’heure où le feu de charbons rougeoie sur la grève dans les brumes de l’aube... C’est le pays hanté. Et vous allez vous dire que je di vague là sur de bien vieilles his toires. Dix-neuf siècles que ce divin revenant donnait .des émotions au monde. Ce n’est pas fini, il en donne en core. Car c’est là l’origine et cela reste le symbole d’une hantise des1 esprits et des âmes qui n’a pas cessé de nos temps, d’un phénomène dont on parle beaucoup aujourd’hui et que plus d’un même éprouve très fort, qui n’en parle pas du tout: l’inquié tude religieuse. Paul Cazin. Pour la première Communion des tout petits Cet opuscule rend un grand service aux mères de famille, aux maîtres et aux catéchistes, en les aidant à Instruire les tout petits de oe qu’ils doivent savoir pour leur première Communion. L’ensei gnement comprend quatre chapitres : te bon Dieu, le bon Jésus, le parilon du bon Jésus, la première Communion. Des formules, brèves et précises, des expli cations simples et attrayantes, l’emploi des images rendent cette œuvre délicate, facile et fructueuse. Les Histoires y fourmillent. Belle- plaquette 26 X 18, 16 pages, 5 gravures. Prix, 0 fr. 50 ; port, 0 fr. 25. Remises : 1/6, 15/12, 10/50, 150/100. — 15 exemplaires dans 3 kg., 130 dans 5 kg., 260 dans 10 kg. BONNE BRESSE, 5, RT7E BAVARD, PARIS. VIU*...

À propos

La Croix est un journal catholique conservateur créé par Emmanuel d’Alzon, prêtre de la Congrégation des assomptionnistes, en 1880. Quotidien depuis 1883, il continue d'être publié de nos jours, dans une version bien moins partisane et religieuse que par le passé.

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