Extrait du journal

Aujourd’hui, fin des Pâques. Date fatidique qui, derrière les 'façades, creuse silencieusement des fossés à.travers le monde des âmes. Pendant de longs siècles, l’Eglise a fermé le cycle des Pâques avec la si touchante pa rabole du « ©on Pasteur » ; Je suis le Bon Pasteur !.. Comme elle est vraie, cette pa role !.. Et, chaque année, dans les semaines qui précèdent ou qui suivent Pâques, il passe sur la terre des effluves de surnaturel que toute créature, tant soit peu attentive, peut constater. Littéralement, le Christ appelle, et il tend les bras— ; « Les fervents sont consolidés sur leur plan supérieur. Ils se sentent exaltés par la compréhension plus profonde du divin. Ils sont tentés de défier même ia tentation : « Oui donc pourra désormais me séparer ja mais de l’amour de mon Christ..? » Les tièdes sont réchauffés... Ils iront maintenant jusqu’à la prochaine étape... Ils commencent a comprendre qu’il ne faut pas traiter Dieu comme ils traitent le contrôleur des contributions, qu’on va voir une fois par an, et en core, parce que cfest ordonné, et qu’on ne peut pas faire autre ment. Le Christ est une vie il est surtout l’Ami suprême qui nous appelle vers lui à mesure que s’égrène, pendant l’année, le chapelet des fêtes religieuses. Si la communion de Pâques est obligatoire de par le commande ment, combien d’autres sont obli gatoires. de par le cœur..., la com munion pour» les morts, par exempleCela, le tiède d’hier commence a. le comprendre. Et la tare rigide du jansénisme, qui faisait jadis se précipiter du confessionnal à la communion, commence A des serrer sa froide étreinte. Dieu sera davantage l’ami qu’on ra voir chaque fois qu’on en aura besoin, m D’autres âmes étaient mortes, desséchées, pourries... Le grand appel des Pâques a retenti : « Lazare..., lève-toi !.. » ES des cadavres d’âmes-, des cadavres de vingt-, trente..., qua rante..., cinquante années, se sont levés— Des hommes ont brisé l’em prise du respect humain. Age nouillés sur un prie-Dieu, ils ont vomi leurs iniquités... Puis, ils se sont relevés, les larmes aux yeux : — Ah ! enfin... Je suis débar rassé !„ # Brebis ferventes..., brebis dis traites-, brebis blessées..., brebis mortes—, pour toutes, le Christ a été le « Bon Pasteur ». Il n’a pas mis le pied sur la mèche qui fumait encore— Il n’a pas achevé de rompre le roseau qui était brisé. Un jour, un académicien m’ap porta une pièce de théâtre qui devait être jouée au Français. Le sujet était religieux et bien déli cat. L’auteur me demandait mon avis. Je lui répondis : « Un prêtre, seul, pourrait traiter ce sujet-là. Mais soyez bien sûr qu’il ne le traitera jamais !.. » Le prêtre, seul aussi, peut avoir une idée de cette lutte qui se livre entre les forces du bien et les puissances maudites, dans ce monde - invisible des âmes, telle ment plus réel, plus important et plus durable que l’autre. * Hélas !.. il y a des brebis, et combien nombreuses, qui n’ont ?as -voulu entendre l’appel du asteur— Pourquoi ? • Les unes, de parti pris, sont fermées— Elles ne veulent pas, — sans discussion. Elles respirent parfois l’air de la Vérité, mais elles refusent implacablement dé lui ouvrir les bras. Les autres sont retenues par cette pauvre chose qu’on, appelle le plaisir... Et quel plaisir ! J’ai vu, dans l’ignominie de notre Jardin des Plantes, des lions superbes, ayant toute la nostalgie du désert au fond de leurs grands yeux d'or. Entre la liberté et eux, il y avait des barres de fer, que leurs griffes, ne pou vaient briser. S’ils avaient pu !.. Je connais des hommes, en cage, eux aussi, dans l’ignominie d’un jardin. Mais les barreaux de leur cage sont en dentelles ; lés doigts d’un enfant les déchireraient. Eux, ils déclarent ne pas vou loir-, ne pas pouvoir !„ D’autres restent pris par l’argenU, le sale argent. ;...