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La Croix, 21 septembre 1902

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La Croix
21 septembre 1902


Extrait du journal

* Pas commode... hein... la position ?.. surtout quand elles sont fortes et mafflues et rebondies, comme cellesdu sieur Durand, de la commune de Saint-Millies. Je demande pardon aux innombrables et honorables personnes qui s’appellent Du rand. Je n’en veux aujourd’hui qu’au sieur Léopold-Auguste Durand, ancien patron charron, failli, mis à la porte de partout, et actuellement, de fait et de droit, mangeur de curés dans la commune de Saint-Millies. Car, c’est devenu un état comme un autre, sous le régime du roi Combes!. Si vous ne pouvez être ni maçon, ni épicier, ni charcutier, ni écrivain, ni soldat, ni quoi que ce soit d’honnête; si vous êtes une nullité prétentieuse... un arriviste sans moyens... si, au fond de votre main fleurit le poil fatidique... consolez-vous!., la rue Cadet â créé une nouvelle profession : celle’ de mangeur de curés... et elle bat son plein par le temps qui court. C’est la profession actuelle de Léopold Durand... son seul gagne-pain avec trois vaches qui ont eu le malheur, dernièrement, de lui échoir par héritage... pauvres bêtes !. Pendant que ses vaches tondent avec volupté l’herbe gratuite de la pâture com munale, lui mange du curé ; Il en mange même férocement ; il le flaire, il le devine sur le chemin, il le voit agir au travers des murs. Quand on servait jadis sur la table un plat qui tentait vivement Tom, mon vieux chien, rien qu’à le voir, il en bavait! Je n’ose serrer la comparaison, car l’âme pri mitive du bon Tom en serait offensée, mais la vérité m’oblige à dire qu’au seul mot « curé » (et par « curé » il entend tout ce qui porte un habit religieux quelconque), Léopold louche, ses mains tremblent comme celles d’un épileptique, et sa bouche s’ouvre et se referme en un rictus de désir... C’est vous dire qu’âctuellement Durand ne vit plus : il exulte!. Il n’a pas le sou, sans quoi il bombarderait Combes, chaque jour, de ses télégrammes de félicitations. Mais voilà! ses trois vaches sont le plus clair de sa fortune... celle qu’il n’a pas en core pu boire... trois belles vaches, rousses et sèches, qui font beaucoup de lait et pas de politique. Elles ne lui demandent aucun soin, c’est même pour cela qu’elles sont si belles : surveillées par un gardien com munal, elles paissent, jour et nuit, dans une pâture non moins communale, une pâture superbe qui occupe tout le fond de Saint-Millies, égayée de ruisselets et bordée de peupliers. „ • Cette pâture est la providence du pays ; elle fut donnée, il y a un siècle, au village par l’abbé de Chaze, un noble, doublé d’un curé!... Grâce à elle, toutes les maisons...

À propos

La Croix est un journal catholique conservateur créé par Emmanuel d’Alzon, prêtre de la Congrégation des assomptionnistes, en 1880. Quotidien depuis 1883, il continue d'être publié de nos jours, dans une version bien moins partisane et religieuse que par le passé.

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