Extrait du journal

Les négociations avec la Russie ont été menées de la plus déplorable manière. Engagées presque sur la place publique avec communiqués incessants donnant les hauts et les bas -des conversations du Kremlin, elles ont autorisé les Soviets à se croire tout à fait indispensables à la victoire de l’ordre international. Aussi ne faut-il pas s'étonner, quelles que soient les erreurs et les réticences de M. Chamberlain, que Staline se sente en mesure de profiter, voire d’abuser de la situation et d’amiligner des exigences sans nom devant ceux qui lui ont si fort proclamé combien son concours apparaît déterminant. On nous annonce aujourd'hui que M. Molotov s'en irait très 1 prochainement en congé, laissant là les diplomates occidentaux dont la hâte d’aboutir est évidente. Le dictateur de la Russie voudrait-il se réserver en Europe ce rôle d’arbitre que M. Mussolini a si maladroitement laissé échapper ? Cela semble vraisemblable mais, en tout cas, il est inutile maintenant, même si l’on s’accroche à l’espoir d’obtenir une signature dédaigneuse, de se bercer d’illusions : l’accord anglo-francorusse, s’il se fait, sera fort restreint et les arguties, les méfiances, les longueurs des tractations lui ont dès maintenant ôté une large part de l’effet psychologique qu’une entente ! immédiate eût produit....