Extrait du journal

Est-il trop tard pour parler, ici, encore, du discours prononce, dimanche der nier, â Lille, par l’honorable M. Piou ? Non, sans doute, car ce discours est de ceux qu’il faut relire après l’avoir lu, de ceux qu’on regrette de n’âvôir pas en tendus;— non, sans doute, car il ne fut pas un airain sonnant et une cymbale retentissante ; — non, sans doute, car il en sera parlé souvent au cours des cinq mois qui nous séparent des élections de l’an prochain. Tous les conférenciers, tous les journalistes, tous les candidats honnêtes et soucieux de l’avenir du pays y trouveront thèmes nombreux à leurs conférences, à leurs écrits, à leurs pro-, fessions de foi; C’est, en effet, le pro gramme, heureusement étendu, de 1 Ac tion libérale. Dans cette harangue, animée d’un grand souffle patriotique et chrétien, il y a beaucoup de-belles et formes choses qu’il faut* précieusement retenir. On y rencontre des jugements d’une hauteur et d’une'force qui défientqu’on en relève appel ; on y trouve des mots qui seront des mots d’ordre et des traits dont la pointe ne s’émoussera pas. — On peut, avec ce discours pour arsenal, ouvrir la campagne et espérer la victoire. M. Piou amené à parler de l’action si funeste de la Franc-Maçonnerie la flétrit en ces termes : « La Franc-Maçonnerie c’est l’antièf chambre des carrières publiques. » On a beaucoup écrit et discouru sur la secte; on a souvent dénoncé le venin qu’elle distille; jamais le troupeau d’es claves qui forme ses rangs n’avait été marqué d’un stigmate plus juste et de mépris plus souverain. Le mot restera. « L’arbitraire légal qui interdit à des » citoyens vêtus de bure l’usage des libertés » concédées à pleines mains aux citoyens » ornés d’un tablier maçonnique ou groupés w autour d’un drapeau rouge n’indigne plus » que faiblement. » N’est-ce pas là un de ces jugements dont personnne n’osera critiquer la for mule? « Le Concordat, instrument de paix, est » retourné contre lui-même et sert d’engin » de guerre. Ilne pro^ge plus l’Eglise; il la » tient en lisière. Ce n’est plus son armure, » c’est sa camisole de force. » Joseph de Maistre, M. de Bonald et Lamennais, quand l’Eglisenepleuraitpas sur lui, n’auraient pas jugé autrement. , « Il suffit d’être un religieux, même le » plus humble, pour que d’odieuses calom» nies apparaissent aussitôt. » Des faits récents ne justifient-ils pas cet arrêt? ■ « Un maire socialiste qui résiste au gou» verriement en est quitte pour une lettre » de blâme que suit peut-être une invitation » à dîner : mais un prince de l’Eglise qui » conduit les fidèles au cimetière le jour »des morts est traduit en police judiciaire, » et un doyen de l’épiscopat, en dépit de » l’unanime respect dont il est entouré, se » voit barrer la route par le commissaire » de police, à la porte d’un presbytère un » jour de Confirmation. C’est aussi à retenir soigneusement ; le trait valait bien d’être souligné. Ce n’est pas une glose que nous faisons ici, encore moins une analyse, c’est une glane que les derniers venus peuvent recueillir avec nous dans ce vaste et riche guéret. Parlant de « ce qui nous a manqué », de ce qui nous manque peut-être encore, M- Piou a, insisté tout particulièrement sur la nécessité de L’organisation ; « Si, dit-il, l’organisation fait défaut et si » oh la relâche, toutes les forces s’annihilent; » de la confusion naît l’impuissance..... ■ » Nos troupes* dit-il encore, sont admi» râbles; elles ne sont pas embrigadées; » elles sont infatigableis dans les combats,.'...