Extrait du journal
Depuis quelques semaines, un silence relatif a succédé aux violentes attaques dont les œuvres de charité privée étaient l’objet. Peut-être ce silence est-il voulu. A la rentrée du Parlement — nous l’avons dit et le tenions de bonne source, — un mot d’ordre venu du ministère avait invité à soulever quelques scandales. On s’assu rait ainsi, à un instant psychologique, l’os à jeter à la meute anticléricale. Le besoin ne. s’en faisant plus sentir, on se tait pour reprendre l’assaut au moment opportun. Peut-être aussi a-t-on compris le péril auquel on s’exposait de voir soulever d’autres scandales, très laïques ceux-là et très vrais. L’avenlure judiciaire de ce gardien d’un asile gouvernemental du Jura, qui a été convaincu d’avoir tué froidement plusieurs des assistés confiés à ses soins, et cela uniquement pour gagner la pièce de un franc ou de deux francs que chaque décès lui rapportait en qualité de fossoyeur, j; si vivement appelé l’attention publique dans toute une région sur le recrutement déplo rable des gardiens, que peut-être on s'est tu par pudeur. * Quoi qu’il en soit, il nous paraît, utile de tirer de cette campagne certaines conclusions qui sont évidentes; Et d’abord on voit que les œuvres de charité catholiques sont l’objet d’une vé ritable haine. sw’ Dans leur souci despotique dif tout centraliser pour chasser Dieu de par tout, nos gouvernant» n’aspirent à rien ■moins qu’à tuer tout ce qui ne ressortit pas immédiatement à leur autorité. N’est-il pas clair par conséquent, que c’est vers ces œuvres indépendantes et surtout vers les organisations nettement catholiques qu’il faut diriger tout notre effort ? On veut tout neutraliser: Soyons nousmêmes, généreusement et fièrement, pour garder Dieu à la société d’où on veut l’expulser. Quelquefois, parmi les reproches qui s’élèvent contre les œuvres, il y a des cri tiques partielles fondées. Tout ce qui est humain est faillible. Mais le plus souvent il s’agit de pures calomnies. Et cependant, par suite d’une incompréhensible faiblesse de caractère, dans des milieux catholiques, dès qu’une attaque se produit, on est porté à croire l’agresseur. Entre le journal anticlérical qui in vente et le journal catholique qui défend, par une véritable aberration, il en est un trop grand nombre qui inclinent à don ner raison à l’ennemi. C’est un état d’esprit déplorable, et contre lequel on ne saurait trop réagir. Jusqu’à preuve certaine, soutenons donc nos amis victimes des poursuites de la secte. (Mais comme le disant le proverbe latin F as est ab hoste doceri, il est bon de tirer instruction des attaques de l’adver saire. e Or, des discussions qui ont eu lieu ces mois derniers ressortent certaines leçons sur lesquelles nous nous permettons d’attirer l’attention. Nous avons vu un Refuge troublé pro fondément parce que, dans son admi rable bonté, une Supérieure éminem ment méritante y recevait trop facile ment les rebuts des autres asiles et des sujets plus malades que vicieux. Une leçon ressort de là, celle de là proportion qu’il faut partout maintenir entre les éléments acceptés, de façon à ne pas rendre le gouvernement intérieur impossible. Et, en particulier, quand on est en face d’hystériques qui ont besoin avant tout de soins médieaux, qu’on en laisse la charge aux établissements spéciaux qui ont mission de les donner. La charité catholique a couvert la France d'orphelinats, où sont élevés à l’abri des périls des milliers d’enfants, plus ou moins délaissés, des deux sexes. Or, ici, la question la pl-us grave est celle de l’avenir. Leâ chefs d’orphelinat peuvent être tentés de borner leur attention au pré sent, tandis que c’est surtout le futur qui doit être l’objet de leurs préoccupations. C’est pourquoi on ne saurait trop leur recommander de garder les enfants assex longtemps,'d’orienter leur éduca tion de telle manière qu’ils soient pré munis et, dans toute la mesure du pos sible, de protéger leur sortie et de main tenir assez longtemps les relations avec eux pour les préserver de la ohute au sortir du nid. Une conclusion semblable s’impose pour les œuvres de placement d'en■ faats....
À propos
La Croix est un journal catholique conservateur créé par Emmanuel d’Alzon, prêtre de la Congrégation des assomptionnistes, en 1880. Quotidien depuis 1883, il continue d'être publié de nos jours, dans une version bien moins partisane et religieuse que par le passé.
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