Extrait du journal
La victoire sourit h nos soldats ; voyant poindre un châtiment trop mérité, nos adversaires viennent de présenter des offres lointaines de paix ; aussi, le moment nous a paru bien choisi pour tirer des événements les enseignements qu’ils com portent. Pour bien comprendre la leçon vécue que nous donne la guerre, il importe de nous placer au point de vue qui permet de do miner les événements, et par conséquent, de nous en référer aux idées directrices de la Providence divine. En effet, si nous jetons un coup d’œil en arrière, nous pouvons constater que ces événements ont dérouté toutes les prévi sions humaines. - L’Allemagne possédait la force, la puis sance de l’organisation, la longue prévi sion de la lutte engagée; elle paraissait avoir en main tous les éléments, au succès, et, malgré cela, sa superbe insolence est venue finalement se briser sur la Marne, sur l’Yser, sur Verdun, sur Montdidier, sur Château-Thierry, pour ne citer que quel ques-unes de nos principales victoires. Si, de son côté, la France possédait de puissants alliés, pour eux comme pour elle, tout dans cette guerre a été surprises ; malgré les prodiges de préparations ma térielles qui ont dû s’improviser, malgré la valeur de nos soldats, si Dieu n’avait pas fait pencher la balance des armes en notre faveur, la trop fameuse formule allemande triomphait : la force primait le droit. Mais, au contraire, aujourd’hui, c’est le droit qui triomphe de la force. En plein accord avec ses alliés, la France a su mettre sur ses étendards une devise qui a fait la gloire de son histoire : « Four le droit et pour la justice. » Logique dans son positivisme, l’Alle magne n’a voulu suivre que la politique de l’intérêt, déclanchant la guerre sans scru pules, considérant les traités comme des chiffons de papier et ne voyant Te droit que dans la force du nombre. Généreuse dans ses conceptions, la France s’est faite le défenseur de la liberté des peuples injustement attaqués, le champion du droit qui triomphe de la force. Cette noble altitude lui a. certainement valu la bénédiction divine. Malgré ses dé clarations d’athéisme officiel, la France, au fond, est restée chrétienne. Même ses gou vernants se voient forcés de s’inspirer des principes chrétiens,. car où se trouve la base du droit et de la justice, sinon dans les principes posés par le Dieu créateur qui gouverne le monde? Si on né croyait pas à l’aptre vie, ià la récompense ou au châtiment, qui atténd la vertu ou le crime, bien fragiles seraient les barrières qui s’opposeraient à l’égoïsme humain. La première leçon qui ressort de ces constatations fortifiera donc notre confiance envers la Providence divine, car, à toutes les pages de l’histoire die cette guerre, se révèle l’intervention du ciel. Hier encore, dans la ville de Saint-Mihiel, qui lui est consacrée, le grand archange protecteur de la France, après avoir longtemps arrêté nos ennemis à ses pieds, semblait de son glaive leur signifier l’ordre du départ définitif. Notre nation peut se considérer toujours comme la nation privilégiée. Non seule ment elle ne périra pas, mais, suivant la solennelle promesse que lui faisait naguère le grand pape Pie X, elle reprendra son rôle glorieux dans le concert des nations, à une condition toutefois, c’est que cette leçon ne nous serve pas seulement à nousmêmes, mais que nos gouvernants en fas sent leur profit. Ils ont esquissé un noble geste ; ils ont pris en main la défense du droit et de la justice. Dans leur patriotisme, Us ont vu que là se trouvait la véritable politique à suivre pour, la grandeur et le salut du pays ; qu’ils soient logiques avec eux-mêmes et qu’après la guerre Us conti nuent cette politique, ta, seule yraimeht française. L’Allemagne a puisé dans sa philosophie protestante sa devise de la fore© qui prime le droit, et le triomphe de cette devise au rait eu pour conséquence l’oppression des peuples. La France avec ses alliés a su, au contraire, défendre le droit et la justice, et son triomphe donnera aux nations la yé rite, seule source de prospérité et dé li berté. P. F.-V....
À propos
La Croix est un journal catholique conservateur créé par Emmanuel d’Alzon, prêtre de la Congrégation des assomptionnistes, en 1880. Quotidien depuis 1883, il continue d'être publié de nos jours, dans une version bien moins partisane et religieuse que par le passé.
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