Extrait du journal
— ... Mes pauvres enfants, disait, il y ,a quelques mois, Mgr Gibier à de braves paysans qui venaient de rebâtir leur église, je ne pourrai pas vous donner de curé avant quinze ans!.. Dans une foule de départements, quantité de villages meurent morale ment, faute de prêtres... — Nous concentrons eu ville toutes nos œuvres de jeunesse... me disait un grand doyen de province, car nous n’avons plus de jeunes prêtées pour la cam pagne... • 0 . Et la sanglante tuerie de cette semaine montre ce qui couve de terrible dans ces faubourgs, à peu près abandonnés à tout l’effort de la barbarie. ' Songez que Clignancourt, la paroisse du massacre, compte 98000 habitants et... six vicaires!., c’est-à-dire plus de 10 000 habitants pour un "seul prêtre. C’est fou!.. Aussi, le cri universel de l'Eglise de France est : « Des prêtres!.. Des prêtres!.. » * ' C’est pourquoi j’ai dit aussitôt « oui » quand une des firmes les plus impor tantes de France, vint me proposer de mettre à l’écran: Comment fai tué mon enfant, roman où je raconte la lutte désespérée d’une mère contre Dieu, pour empêcher son fils de se faire prêtre. ; Cette tragédie d’une vocation sacerdo tale, j’en avais été le témoin. Longtemps, je l’avais gardée pour moi seul. Et puis, cette question du sacerdoce est tellement venue à l’ordre du jour, que je me suis décidé à écrire cette si spéciale histoire. Comment se fait-il que, sans aucune démarche de ma part, cette tragédie d’à me. ait intéressé le Boulevard..? Comment se fait-il qu’un jour de vacances, à l’estacade de Noirmoutier, descendit un des as de l’écran venant me dire: « Nous-mettons à votre disposi tion tout l’argent qu’il faudra pour tourner un.film magnifique sur la ma gnifique vocation du prêtre »? .• Comment»? Comment.? : f,. Mais il y a tant de « comment » dans la vie!»,'.. Ce film a été tourné avec sincérité dans le décor unique de Noirmoutier. 11 a été tourné avec enthousiasme .par. des, artistes, pour,lesquels,il était telle-» ment, nouveau!.. Et quelques-uns. ont même risqué leur vie pour le mieux .réussir. \ . Avec enthousiasme aussi, mes chers confrères de province y ont collaboré. Quand, • au studio de Saint-Laurent-duVar, où se tournaient les « intérieurs », les curés du littoral ont su là destination de ce film, ils ont mis aussitôt, et avec quel entrain, leurs sacristies, leurs œuvres à notre disposition, et il y a des scènes de « Patro » où tous les vicaires de jeunes se reconnaîtront Enfin, il a été tiré non seulement pour nos jeunes gens, mais pour le grand public, et, en haut lieu, on a bien voulu nous donner d’incomparables documents pour les chapitres de guerre. » Tel qu’il est, ce film a été présenté au cinéma de la Monnaie, à Bruxelles, le vendredi 27 MarsGrande émotion !.. ‘ Quand j’étais aumônier de l’ambu lance 92, le premier soldat qui mourut entre mes mains fut un admirable petit officier belge... Son souvenir se présenta à moi quand je franchis la frontière, et j’eus l’impression, ce vendredi 27, d’ap porter une fleur très fraîche sur sa jeune tombe. Je le dis à l’auditoire de la Mon naie, avec tout mon cœur. Il me répondit par des applaudisse ments. . Et, dans le noir, quand le film se. déroula, j’aperçus des larmes d’hommes sur des joues balafrées et sur des poi trines de prêtres... Mais un film n’est vraiment consacré que sur un grand écran parisien. Aussi, plus profonde émotion encore, 11 y a trois jours, quand, salle Mogador, sous le patronage si bienveillant de S. Em. le cardinal Dubois, devant un splendide auditoire où se coudoyaient les élites les plus opposées de fa pensée humaine, le film fut sur le point de se dérouler. C’était la défaite ou la victoire. Au temps brutal» où nous rivons, cet idéal du prêtre serait-il supporté..? Je pris la parole avant l’obscurité. Et, tout de suite, je compris que cet auditoire, si mélangé, le film pouvait a l’avoir ». Quelle joie pour un prêtre quand, blotti dans un coin de loge, il voit applaudir les passages essentiels..., ceux qui sont l’armature même de son thème! On applaudissait, et, comme à Bruxelles, on a pleuré. Et pourtant, pour ne pas allonger, bien des coupures avaient été faites dans le film qui ne fut pas, là, donné dans son intégralité. ' , . Mardi prochain, à 3 heures, cé sera à Amsterdam, au cinéma Palace, où l’épiscopat et les bourgmestres- dès'• grandes villes ; hollandaises seront là pour le recevoir en une solennité admi rablement préparée par la presse depuis plus d’un mois.. Il y a des-délicatesses qu’on n’invente...
À propos
La Croix est un journal catholique conservateur créé par Emmanuel d’Alzon, prêtre de la Congrégation des assomptionnistes, en 1880. Quotidien depuis 1883, il continue d'être publié de nos jours, dans une version bien moins partisane et religieuse que par le passé.
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