Extrait du journal
Vous me dites que vous êtes chargé de procéder à une enquête sur la conduite des catholiques belges, surtout en matière so ciale, et que cette enquête pourrait être une source de précieux enseignements pour la France. C’est à ce point de vue que vous voulez bien m’accorder la parole. On n’est pas plus aimable. Mais l’histoire des catho liques belges est très touffue, et, pour pou voir l’apprécier dans son ensemble, il fau drait la suivre depuis le début de notre indépendance, c’est-à-dire depuis 1830. Je reconnais cependant que les luttes qui ont éclaté dans presque tous les pays vers la fin du siècle dernier ont exercé leur influence sur l’attitude des catholiques de notre pays, et c’est principalement sous ce rapport, j’imagine, que vous me demandez quelques éclaircissements. Les catholiques doivent, pour conquérir leur place au soleil et obtenir une part sé rieuse dans la direction des affaires pu bliques, se garder de deux erreurs. La première, c’est de se figurer que l’opi nion viendra à eux à l’aide seulement de lois et de thèses de couleurs plus ou moins populaires. Assurément l’amélioration des lois ne doit pas être négligée ; de leur côté, les thèses académiques peuvent avoir leur prix. Quand elles ne demeurent pas dans les nuages des généralités, elles sont à même de préparer, dans le domaine légis latif, des évolutions salutaires. Mais c’est se tromper que de croire que les foules modi fieront leur orientation au seul aspect d’un programme déterminé ; il suffit, en effet, que ce programme soit proposé, s’il leur est favorable, pour que les autres partis se hâtent de l’adopter à leur tour. Ce qu’il faut surtout, c’est l’action s’exerçant par la pro pagande de village à village, de maison, à maison, d’homme à homme ; c’est créer et développer des œuvres qui soient envisa gées comme de véritables bienfaits par les masses, c’est les embrigader dans des asso ciations où elles trouveront la satisfaction de leurs besoins matériels, intellectuels et spirituels. La seconde erreur, c’est de croire qu’il suffise de fonder à l’heure actuelle des œuvres dites sociales, pour modifier les dis positions des populations. Sans doute ces œuvres sont utiles; mais, à elles seules, elles seraient inefficaces ; elles s’adressent à des hommes faits, et si ces hommes sont gâtés, s’ils ne sont plus chrétiens, comment espérer que, n’ayant que des objets limités, elles changeraient leurs sentiments et opé reraient en eux une transformation à laquelle ils ne sont pas préparés ?...
À propos
La Croix est un journal catholique conservateur créé par Emmanuel d’Alzon, prêtre de la Congrégation des assomptionnistes, en 1880. Quotidien depuis 1883, il continue d'être publié de nos jours, dans une version bien moins partisane et religieuse que par le passé.
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