Extrait du journal

La chasse aujusil pratique Un beau jour, on s’est mis à souffler nos forge* jour et nuit, aux arsenaux militaires; on ne vou lait pas déclarer la guerre avant que le dernier fusil nouveau modèle fût sorti des usines. "Nos bourses sont vides, mais nos arsenaux sont remplis de fusils à répétitions et à petits calibres ; c’est un succès. biais on ne peut pas dire que l’Europe noua l’envie, car chacun a perfectionné le fameux fusil Lebel et, quand le dernier fut sorti tout chaud des ateliers, l’Europe déclarait déjà que cette invention était digne de figurer aux musées avec les vieilles armures. * En effet, Lebel arrive en ce moment bon huitième rang dans la classification des armes dites nouvelles. Le ministère ému rallume ses fourneaux et les essais terminés à Châlocs, on va recommencer à vider notre bourse pour transformer nuit et jour Fex-nouveau fusil. Le magasin actpel serait remplacé par un chargeur tubulaire, et l’on pourrait, en deux tiers de minute, tirer 12 coups de feu, sans que l’arme ait 4 quitter l’épaule. : m\ Mais la rapidité du tir exige la multiplicité des approvisionnements, et le transport d’un grand nombre de munitions sera d’autant plus facile que le calibre sera plus petit. • * Le petit calibre, voilà encore «ne aimable question. On a imaginé les plus petits engins, mais, disent les spécialistes, il faut des blesâures pratiques et non pas-piquer des épingles sur pelotes humaines; or, une blessure estpratique quand l’homme atteint ne l’est plus. La Russie a déjà le calibre de 7mm,62, la Suisse celui de 7mm,5, l’Italie a en projet un calibre de 6m'm,5; l’Allemagne s’en tient au calibre dé 7mm,7, après avoir fait des expériences macabres sur des Compagnies entières de cadavres mis debout à diverses distances. Bien que la chirurgie pratique ait fixé le mini mum à 6mm,S, on a parlé avec éloge d’un fusil le Krnka-Hebler, du calibre de 5 millimètres, dont la balle tubulaire produit des effets épou vantables. Le trou va s’élargissant de l’entrée à la sortie de la balle, et les os sont fracassés. La France est à l’affût, elle attend que l’Alle magne sacrifie son . fusil pour en faire un plus léger et plus perçant, ce sera une question de millions à aligner, voilà tout. L’idéal actuel est que le nouveau fusil, rêvé par l’Allemagne, soit mis en effigie par nous au musée des antiques, avant d’être essayé, car le nôtre qu’on fera aussitôt, et qn’on a déjà essayé, a seulement 6mm,6 de calibre. # • Parlons canons. Les artilleurs sont depuis longtemps à la recherche d’un canon de campagne de petit calibre et à tir rapide. Un nouveau modèle a été étudié et l’on pourra en commencer la fabrication aussitôt qu’il sera nécessaire. Ce nouveau modèle est du calibre de 75*“, pesant -1010 kilog. avec son affût et son frein, alors que la pièce de 90 actuelle en pèse 1210. Sa vitesse initiale est très supérieure à toutes celles obtenues jusqu’ici,, et I? puissance de son projectile beaucoup plus considérable que celle de l’obus de 90. Enfin, la vitesse de tir atteint facilement quatre coups i la minute. " Nos canons de 80 et de 90 millimètres sont appelés à disparaître avant qu’il soit peu, pour céder la place à un canon plus léger, plus rapide, 'qui fera aussi des blessures 'plus nom breuses ét plus pratiques. Courage. ROME L’AUDIENCE DE M. HARMEL M. Harmel a été reçu avec son gendre, M. Gabriel Ardaut, ce matin, par le Saint-Père. Après la messe, durant laquelle ils ont reçu la communion des maius de Sa Sainteté, une colla tion leur a été offerte dans l’antichambre secrète. L’audience qui a suivi n’a pas duré moins d’une heure. Le Saint-Père a félicité M. Léon Harmel de son action populaire qu’il considère comme la mise en pratique de ses enseignements. Il désire que des Congrès ouvriers, semblables à celui de i Reims, soient organisés dausles principales villes...