Extrait du journal
Il se dresse, difficile, presque mena çant, devant tous les gouvernements, mais en particulier devant le nôtre. Des discussions importantes ont eu lieu à ce sujet dans les Parlements ; les explications de M. Klotz sont désirées avec une très légitime impatience ; dans tous les milieux où l’on réfléchit, on pose des questions troublantes. En ^ attendant les solutions, voici les données du problème : Jamais le monde n’avàit vu une guerre * aussi atroce et aussi dispen dieuse que celle qui se termine. Quels que soient les termes définitifs du traité de paix, la charge demeurera énorme pour nous, puisque, d’après le .principe posé, les dommages de guerre seront indemnisés, mais les frais de guerre resteront' à la charge de chacun. "Les dommages, ce sont les pensions, les reconstructions, les indemnités dues. Les frais, ce sont les fabrications, les usures de matériel, les projectiles, les dépenses diverses qui dépassent de beaucoup les dommages proprement dits. , On évalue à près de 150 milliards notre dette dp ' guerre, et M. Doumèr, dans son discours très étudié, a fait en visager la nécessité de faire face à neuf milliards d’accroissement de aépenses chaque année. C’est formidable. Un détail important aggrave cette lourde situation. Les Allemands devront payer 100 mil liards de marks (125 millions de francs) en périodes dont on a vu le détail dans les clauses du traité de paix. Mais ces milliards qui, du reste, seront répartis entre les allies, s’éche lonneront sur un grand nombre d’an nées. En attendant l’acquittement futur, ils seront représentés par des bons du Trésor allemand, ne portant que cette signature. (On a écarté avec soin toute autre signature). Comme, d’autre part, ils ne seront payables que plus tard, quelle sera la valeur de ces billets et comment pourra-t-on les utiliser ? Voilà, certes, un sérieux point d’in terrogation. * L’état des ohoses étant ainsi exposé, une solution s’impose, dont les moda lités peuvent être variées, mais dont le principe nous( paraît indispensable. Après avoir fait, en face de l’ennemi, l’unité de front et‘de commandement, il faut, en face de la dette, faire Vumté financière. Qu’on ne s’étonne pas de notre de mande. Tous nos alliés se sont défen dus d’avoir fait œuvre d’intérêt person nel. Tous ont déclaré qu’ils se sont levés pour sauver le monde et la civilisation menacés par l’hégémonie allemande. Ou bien ils n’ont pas dit la vérité, ce. que personne n’oserait soutenir, étant donné les admirables preuves de désin-. téressement dont ils ont accompagné leur intervention. Ou bien, ce qu’ils ont dit est vrai, et alors ils doivent com pléter leur œuvre, en sauvant la France, dont ils ont aidé à préserver le terri toire, de la situation financière souve rainement périlleuse dont le’ traité la menace. En d’autres termes, l’Angleterre et les Etats-Unis doivent se constituer avec un certain désintéressement nos banquiers bénévoles en vue du bien général. Nous le leur demandons d’autant plus simplement que ces pays . ont là, si l’égoïsme les inspirait, une occasion exceptionnelle de nous exploiter — disons le mot, de nous juguler, — à la façon de ces usuriers qui prêtent à un malheureux pour lui créer une situation tellement obérée, qu’à un instant fixe, il n’y a qu’à faire un signe pour l’obliger à vendre tout son avoir à vil prix. C’est là, en particulier, le jeu mortel des usuriers juifs. Nos alliés ne veulent certainement pas cela. Mais nous, d’autre part, nous ne pouvons pas trouver indéfiniment neuf milliards de plus chaque année, et pour le moment nous avons cinquante milliards de découvert. Le moyen le plus simple — nous l’avons proposé ici — eût été de faire une caisse commune de tous les. frais de guerre, de les gager sur les annuités imposées à l’Allemagne et d’en faire accepter la charge par la Société des nations alliées. C’eût été la vraie fatemité entre ceux qui s’étaient, comme des frères, battus pour la même cause. Ce plan a visiblement été/ écarté : chacun conserve ses charge^ et la France ayant été la plus atteinte par le fiéau, c’est elle qui porte la plus lourde. Dans ces conditions, nous demandons du moins une aide loÿale pour que nos compagnons de lutte prennent sur leurs épaules une part, une large part de l’écrasant fardeau. Nous nous présentons pour cela ami calement, le front haut, devant nos amis britanniques, dont certains intérêts per sonnels nous séparent — c’est entendu, — mais auxquels nous lient une pro fonde estime et une vive affection. Nous nous permettons de leur rappe ler que la menace que Dieu punisse l’Angleterre était proférée plus souvent encore que l’apostrophe pareille contre la France. Nos ennemis ‘ en voulaient plus encore à l’immense Empire Britan nique qu’à nous. Or. par nos luttes et notre yictoire. nous avons contribué effi...
À propos
La Croix est un journal catholique conservateur créé par Emmanuel d’Alzon, prêtre de la Congrégation des assomptionnistes, en 1880. Quotidien depuis 1883, il continue d'être publié de nos jours, dans une version bien moins partisane et religieuse que par le passé.
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