Extrait du journal

Vous devriez revenir !.. Mais ee serait avec plaièir !.. * Et, en parlant, mon jambon légitimement en bandoulière, j’étais sous l’impression de cette avidité du verbe. Je me disais : « Voici une occasion de rien 1.. Un prosaïque jambon fumé !.. Et, à cause de lui, jaillit .une discussion cour toise et féconde, qui me permet d’arracher de la mauvaise herbe et de semer du bon grain. Car toute cette journée, ces braves gens vont réfléchir aux aperçus nouveaux, et, qui sait, peut-être en tirer des conclu sions. Et. derrière le village perdu dans la montagne, j’apercevais les autres qui s’égrenaient dans la vallée et avaient tous la môme faim de savoir, Je.songeais à tous les courants nouveaux qui surgissent, en ce moment, des profon deurs de l’âme populaire, et qui, sincère ment, cherchent leur direction. Un rien peut les lancer à droite... un rien, hélas 1 & gaucha,. Une fois do plus, je touchais du doigt à quel point le peuple, est à qui lui parle... à quel point aussi la vérité trouve des échos en son âme. <* Et, par un contrat.te fatal, je pensais à toutes les voix qui se taisent chez nous. ... aux chiens ae garde qui restent muets quand l’erreur pénétre dans la maison. ... à ceux qui possèdent la vérité de l’Evangile, hors de laquelle il n’y a point de salut, et qui la taisent... ' ... à ceux qui ont peur du peuple... peur du poilu... peur des troisièmes classes... peur des patronages bruyants où se prépare pourtant la génération future... ... à ceux qui répètent avec le poète an tique : « Odi profanum vulyus. J’ai l'hor reur de la foule... » eux les disciples de Celui qui avait tant pitié d’elle. Et plus distinctement encore que dans lés villes, j’apercevais le bien à faire au début de cet octobre 191% aurore de la victoire, seuil radieux des temps nouveaux. Jamais les âmes ne furent qussi labourées qu'a l’heure présente... Jamais le simple catéchisme, clef de tout, ne fut plus nécessaire. , Ouvriers de la France et dé Dieu, a toute occasion, Sincèrement, sans peur, à pleines mains,'jetez le bon grain... Dieu vous attend pour le faire mûrir... Pierre l’Ermite....