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La Démocratie du Cher, 5 novembre 1881

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La Démocratie du Cher
5 novembre 1881


Extrait du journal

La loi sur le travail daüs les • luanufacttircs On passe ensuite à la proposition de loi re lative au travail des femmes et des enfants dans les usines et manufactures. M. Paris, rapporteur, au nom de la commis sion, repousse la proposition : entraver la li berté du travail selon le rapporteur serait un crime que le S -nat ne peut pas commettre. M. Tolain, qui est dans ses beaux jours, a répondu vigoureusement, éloquemment et a obtenu un véritable succès. Je vous envoie un résumé aussi complet que possible de son discours en vous expri mant tous mes regrets d’être obligé, faute d’espace, de le tronquer. Discours de M. Tolain M. le rapporteur a fait appel à la liberté ; c’est ce que l’on fait toujours quand il s’agit en cette matière de protection pour le faible et l’opprimé. Mais où est l’application de ce principe de liberté ? Depuis la Constituante, le principe de la liberté du travail,inscrit dans nos lois, n’a jamais été appliqué. Mais il ne s’agit pas aujourd’hui de ce prin cipe. L’Angleterre, cette grande nation indus trielle, connaît la liberté, et cependant elle a fait un véritable code de travail pour les mi neurs et pour les femmes, et quand ceux-ci sont protégés, il eu résulte une protection in directe pour les ouvriers majeurs. Si vous le voulez, au lieu de voter cette loi, ouvrons une enquête et essayons de faire un code pénal du travail comme eu Angleterre. Ce sera là une œuvre grande et digne du Sénat. Mais non, ce que l’on veut, c’est qu’il n’y ait pas d»> loi du tout; on refuse de protéger les faibles pour ne pas donner plus de force aux ouvriers majeurs. Dans tous les pays étrangers cependant, le législateur est inter venu pour régler cette question si importante; il n’y a pas, dans la réalité, égalité entre le patron et l’ouvrier ; actuellement les bras sont toujours plus offerts que demandés, l’ou vrier ne peut donc discuter un salaire; il su bit celui qu’on lui impose et s’il demande à faire des heures supplémentaires, c’est parce que ce salaire est insuffisant. Le chômage tend à devenir endémique et augmente tous les jours. (Très bien ! très bien I à gauche). Un ouvrier, dans une journée de dix heures épuise ses forces; quelques années avant 1880, ajoute l’orateur, je faisais la correspondance commerciale,dans une maison qui occupe 350 ouvriers et la durée du travail était de 12 heures; on l’a réduit à 11 heures d’abord, puis à 10 heures; le même travail a été pro duit. Les ouvriers aux pièces ont d’abord supprimé le congé du lundi qu’ils ne pou vaient plus rattraper par des heures supplé mentaires (applaudissements à gauche). Attendrons-nous que tous les peuples aient fait une réglementation pour nous décider à suivre leur exemple ? ou a comparé le travail agricole et le travail industriel ; est-ce que les ouvriers forts et vigoureux de la campagne peuvent-être comparés aux ouvriers chétifs, hâves, malingres des villes ; est-ce que ceuxci font soucie ? Non,ils s’épuisent. Nous sommes eu première lecture, dit en terminant l’orateur ; je demande au Sénat de passer à la seconde lecture et de ne pas re pousser le projet sans examen ; je ne réclame pas du Sénat qu’il soit charitable, mais juste. (Applaudissements à gauche). Le vote L’article 1er est ainsi conçu : « Le travail effectif des mineurs de 18 anset des femmes dans les manufactures et usines ne pourra pas excéder onze heures par jour ni six jours par semaine. » Il est procédé sur cet article à un scrutin dont voici le résultat, après pointage. Nombre des votants 195 Majorité absolue 98 Pour 98 Contre 97 Le Sénat a adopté. (Mouvements divers). M. Paris, rapporteur. — La commission se conformant à l'intention du Sénat qui est évidemment de passer à une seconde délibé ration, ne s'oppose pas eu ce moment à l’a doption des autres articles. Les articles 1 à 6 sont adoptés. Le Sénat décidé qu’il passera à une 2e déli bération. Le Sénat s’ajourne ensuite à jeudi prochain, 3 heures. La séance est levée à quatre heures qua rante minutes....

À propos

Le journal La Démocratie du Cher est la déclinaison locale d'un journal lancé en 1880 à Montluçon sous le titre La Démocratie bourbonnaise. Le journal est rénommé La Démocratie du Centre en juin 1881. Dans le Cher, le journal La Démocratie du Cher remplace ce même journal en octobre 1881. Il devient La Démocratie en 1894 puis disparaît en 1896.

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