Extrait du journal

Nous avons relaté ces jours derniers la triste odyssée d’un soldat français qui, fait prisonnier lors de la guerre de 1870, avait été relaxé dernièrement après avoir subi vingt ans de prison. Nous ajoutions que Félix Dumazel se rendait à Nice auprès de son frère. Après l’avoir embrassé, il vient de se rendre â Marseille où il espère trouver une occupation. Voici comment il a conté son histoire avec des détails précis sur sa longue captivité : « Simple zouave dans la 2e compagnie du 2* régiment, j’ai fait en cette qualité une grande partie de la campagne de 1870- Ma compagnie était commandée par le colonel Luzeux, mort au champ d’honneur. « A Orléans, je fus fait prisonnier par les Prussiens et interné à Munster. Après l'armistice j’étais sur le point de reconquérir la liberté lorsqu’un! beau jour c’est à-dire le 25 février, un lieu tenant de uhlans, le nommé Germser, chargé de la surveillance de l’établisse ment (sic\ m’apercevant, tandis que je me promenais dans les couloirs, m’in terpella d’une façon grossière. Sur mes légitimes observations, il enfla la voix et, après m’avoir insulté, il me jeta à la face ce mot qui sera toujours présent à ma pensée : « Cochon de Français I » « Je bondis sous le trait, et d’une main vigoureuse j’empoignai l’impu dent et le jetai dans la cour où fort heu reusement pour lui il n’eut qu’un bras cassé. « Traduit devant les tribunaux, je fus condamné à 20 années de prison. C’est à Dantzig que j’ai subi cette longue cap tivité. Je ne puis vous raconter par le menu toutes les angoisses que j’ai eu à endurer ; qu’il vous suffise de savoir...