Extrait du journal

en arriver tout simplement à la con clusion de M. Crispi, à savoir qu’il y a eu réellement quelque chose, alors qu’il ne s’est rien passé du tout. Eh bien, nous aimions presque autant les violences de M. Crispi que la façon cauteleuse dont M. di Rudini se joue de son public. Dire, comme il l’a fait impudemment, que l’intime union de l’Italie et de l’Allemagne n’a d’autre but que d’empêcher la guerre, c’est dire que la France veut la guerre. Voilà où est encore la mauvaise foi et la calomnie. Comme si tout le monde ne savait pas au contraire que depuis vingt ans l’Allemagne et l’Italie ont failli la provoquer en maintes circonstances, la France pas une seule fois, et que la triple alliance oblige tout spéciale ment deux des parties contractantes, l’Allemagne et l’Italie, à se porter immédiatement sur la frontière fran çaise au premier signal de Rome ou de Berlin ! Où est la garantie qu’on ne donnera pas ce signal sans aucune provocation de notre part ? Elle n’existe pas. Nous sommes fixés sur M. di Ru dini. Il y a un mois nous n’avions que des soupçons, maintenant ce sont des certitudes. Pouvait-il en être autrement, alors qu’en réalité il n’y a en Italie d’autre politique étrangère que celle du roi Humbert, qui nous déteste avec tout le zèle qu’apportent généralement des inférieurs à épouser les haines de leurs suzerains. Or l’empereur d’Allemagne est aussi l’empereur du roi d’Italie, et cela durera tant que les Italiens ne s’en fâcheront pas. Et l’on peut être certain que ce n’est pas M. di Rudini qui les y poussera ! C. RAUGOURT....