Extrait du journal

La Catastrophe de Saint-Mandé L’affaire de la catastrophe de SaintMandé est venue aujourd’hui devant la 9e chambre correctionnelle. Au début de l’audience, présidée par M. Bidaut de l’Isle, on fait l’appel des témoins. La compagnie de l’Est, civilement responsable, est représentée par M* Delihu. avoué. Le président procède ensuite à l’in terrogatoire de Deguerrois, le sous chef de gare de Vincennes. M Léon Deguerrois est âgé de trentedeux ans. Le 17 octobre 1881. il est en tré comme homme d’équipe à la Com pagnie de l’Est ; le 25 janvier 1886, il a été nommé sous-chef de gare à Vincen nes, aux appointementsde 1,800francs; en 1890. ses appointements ont été por tés à 2,tu0 francs. Les renseignements fournis sur son compte sont honorables à tous les points de vue. Le 26 juillet, dit-il j’étais de service. Le train 116 est parti a 9 h. 16 Le train 116 D était au garage, et le train 118, venant de Fontenay,arrivait au disque. Je me suis oceupé de faire monter les voyageurs. D. Le disque était-il à l’arrêt? R. J’en suis sûr. Il est bien rare qu’un train reste si longtemps en gare. Je ne pouvais voir le sémaphore de l’endroit où j’étais. Je suis responsable de mes employés, il est vrai ; mais ceux-ci au raient dû me prévenir que le sémaphore était à l’arrêt. ». D. Combien de temps la manœuvre a-t-elle duré? R. Cinq à six minutes D Combien y avait-il de voyageurs? R. 250 environ. D. Toutes les places ont-elles été oc cupées ? Y avait-il des voyageurs sur les marchepieds ? R. Non. Personne. D. Vous avez commis une faute grave en ne regardant pas le sémaphore et vous êtes la cause involontaire de l'accident. R. Je ne pouvais voir le sémaphore de l’endroit où je me trouvais. D Si vous ne pouvez le voir, à quoi sert il ? On passe au deuxième prévenu, le ! mécanicien Caron. Les renseignements | fournis sur son compte sont excellents i D Combien de temps s’est il écoulé ' entre le départ du train 116 et le départ du train 116 D ? j R .Dix minutes environ. I). Avez-vous fait la manœuvre du frein ? R. Oui ; — Avez-vous regardé le disque, à ce moment-la ? R. Oui. Il lançait un feu blanc et il était parallèle à la voie. D. Les témoins ne sont pas d’accord avec vous. D. A quel moment avez-vous aperçu les feux du train 116? R. Après le pont de la route Natio nale. D. Vous êtes arrivé à toute vitesse. Au détriment de votre vie, vous deviez essayer de sauver les voyageurs. J’étais plus mort que vif....