Extrait du journal

Celte loi, faut-il le dire, se montre généreuse à l’égard du délinquant qu’une première faute amène devant le juge ; elle tient compte de l’entraî nement, d’une première faiblesse, et le dispense de subir la peine de l’em prisonnement prononcée contre lui. Cette exemption a pour but de le soustraire à la promiscuité toujours pernicieuse des maisons de détention, et de lui permettre de se réhabiliter d’autant plus facilement qu’il n’est pas obligé de disparaître pendant un lapsde temps plus ou moins long du milieu social auquel il appartient et dans lequel il a des relations. Mais si dans l’espace de cinq ans ce môme délinquant était de nouveau poursuivi et condamné, cette fois il subirait sa peine. Telle est l’économie de cette loi dont tout le monde attendait d’excel lents résultats. Mais on comptait sans les habitudes routinières de la justice. Beaucoup de juges, en effet, s’obstinent à refuser, de parti pris, aux délinquants condamnés pour la première fois les bénéfices de cette réforme inspirée par un sentiment profondément humanitaire. Cette attitude de la magistrature assise n’a rien qui surprenne ; elle a prouvé maintes fois par sa conduite et ses décisions qu’il n’y a entre elle et le législateur ni parité de vues, ni similitude de tendances et d’aspi rations sociales. Il n’est pas contes table que lorsque le juge se trouve en présence d’un texte précis, qui n’ad met ni réticences ni interprétation captieuse, il est bien obligé de l’appli quer tel quel ; mais lorsqu’il existe une lacune, ou la moindre ambiguité, il a un talent tout particulier pour s’échapper par la tangeante....