Extrait du journal

Paris, le 14 septembre 1897. Il est assez de mode, en France,quand on veut faire ressortir ce qu’ont de contradictoire nos tendances ouvertement libérales et la pratique de notre vie publique encore si profondément empreinte de nos traditions monarchiques et autoritaires, de mettre en avant l’exemple de l’Amérique. On nous propose de le suivre comme celui d’une nation où les lois et les mœurs affranchies de tout préjugé, de toute tyrannie, et seulement inspirées par la tolérance sont idéalement adéquates aux conditions de la vie moderne. Il est très vrai que les citoyens des Etats-Unis soient dotés d’un régime de liberté. 11 ne faudrait cependant pas pousser trop loin l’antithèse, ni en conclure notamment que dans la grande République américaine le sort des classes laborieuses dont l’amélioration demeure la grande préoccupation morale de ce temps y soit beaucoup plus enviable que celui des salariés de l’Europe....