Extrait du journal

L’opinion française, traduite par la presse de tous les partis, a montré, à l’occasion du départ de la délégation française pour l’Amérique, la plus louable « tenue ». Cette opinion reste celle que M. le député Marin a un jour exprimée à la tribune de la Chambre, aux applaudissements de l’assemblée tout entière, dans un discours dont le gouvernement d’alors fit écarter l’affichage, par une pusillanimité dont nous ressentons encore aujourd'hui hui quelque honte. Le peuple français ne comprendra jamais que nous restions redevables aux Américains du prix des capotes dans lesquelles nos soldats se sont fait tuer pour sauver la liberté du monde et l’indépendance même de cette Amérique qui fût restée sans défense devant une Allemagne victorieuse. Il ne comprendra pas qu’un pays enrichi par la guerre et dont il voit les citoyens, que tout fait remarquer sauf leur bonne éducation, parcourir les villes de France en ne sachant comment dépenser l’excès de leur richesse, il ne comprendra jamais que ce pays vienne réclamera la France saignée à blanc et dont les ruines ne sont môme pas encore toutes relevées, de l'argent et encore de l’argent. Mais on lui a dit à ce Français moyen, courageux et probe, qu’il fallait se conduire en « gentleman » et offrir à ces Américains, qui cependant n’en ont pas besoin, tout ce que nous pourrions encore tirer, non pas de notre épargne qui n’existe plus guère, mais des fruits d’un travail acharné....