Extrait du journal

— Et pourquoi, mon ami ? — Je viens de lire un très long et très beau discours, ma foi, dans lequel un de vos principaux orateurs au Sénat, dépèce, écorche, défont la loi sur la séparation, au point de n’en plus rien laisser. Cette loi est incohérente, elle aura les résultats les plus déplorables, elle est dangereuse à gauche ; elle est dangereuse à droite ; mieux eût valu ne rien faire : on s’en repentira, on s’en mordra les doigts, les cléricaux seront plus puissants que jamais, il n’y aura plus de liberté pour le monde, est-ce que je sais ? Tout au courant de ma lecture, marchant de conviction en conviction, je me disais en me frottant les mains : « Allons, bon ! voilà une loi fichus. Si quelqu’un en veut encore après cela, il aura du culot, comme on dit en langage parlementaire! » Quel n’a pas été mon étonnement en voyant que cette loi a été votée à la presque unanimité... et bien mieux, que l’auteur de la diatribe l’a votée tout le premier!...