Extrait du journal

dain, un cor retentit qui semble tout près de nous et, presque en même temps, nous débouchons de la futaie sur un étrange paysage d’eau et de nuées. Sous le couchant épanoui, un grand lac, i chargé sur ses rives de squames de vase j et de nénuphars, noie l’horizon de ses j brouillards légers. Ils montent, dans l’air fraichi, comme d’une cuve d’eau tiède. Ils ne sont pas assez denses, ce pendant pour nous atténuer la silhouette de la vieille abbaye dont les toits élev;s, le clocher, les fenêtres gothiques, se. doublent parfaitement dans le miroir tranquille. La mélopée du cor, portée sur les eaux, se déploie toujours. Mais, ce qui est surprenant aussi, c’est le deroulement léger des brumes. Elles pren nent forme, on dirait à croire que l’on découvrira tout à 1 heure la fée des brouillards, Morgane cueillant des nénu phars pour sa coiffure. Paimpont ! Nous traversons le village engourdi. Peu de gens dans la rue. Tout est ouaté dans le silence forestier. Voici l’antique poterne de l’Abbaye. Nous la franchissons. Elle n’est pas rébarbative du dehors. Elle ne garde, sculptée dans la pierre, que la cuvette d’un bénitier... La nuit fut pleine d’étoiles, de vols lourds, de cris d’oiseaux forestiers. A minuit, au cœur de cette clairière, je me suis penché à la fenêtre de l’auberge et j’ai aspiré les parfums du bois ••...