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La Dépêche du Berry, 3 février 1938

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La Dépêche du Berry
3 février 1938


Extrait du journal

Ce n’est pas que la matière manque pour alimenter la chronique, mais on s'e demande à laquelle accorder la préférence. Le « statut moderne du travail » chemine à la Chambre, par le truchement de sa Commission du Travail. M. Marchandeau y est allé, lui aussi, de son discours radiodiffusé sur la politique financière qu’il entend faire, et qui n’est autre que celle de M. Georges Bonnet. MM. Yvon Delbos et Eden sont rentrés de Genève, sans avoir pu obtenir d’accord sur l’atti tude à tenir à l’égard du conflit sino-japonais, et on ne sait quand ils y îetourneront. Pendant ce temps, la guerre continue, comme en Espagne, du reste, et on n’en voit pas le bout. De tout cela, il n’y a guère que le discours de l'honorable M. Mar chandeau qui, pour l’heure, soit substantiel. Respect de l’accord tripartite. sort de la monnaie, répudiation nouvelle du contrôle des changes et affirmation non moins constante de la liberté monétaire, tout y est: Mais, pendant ce temps, le sterling poursuit son ascension, et nous avons toutes les peines du monde à maintenir notre maigre franc dans sa ligne... flottante, en dépit des communiqués de la Présidence du Conseil. — Nous avons beaû retourner le problème dans tous les sens, s’est t crié M. Marchandeau. l'examiner sous tous les aspects, nous serons dans l’obligation de constater que ce n’est que du travail que le pays peut tirer, outre les ressources nécessaires à sa vie quotidienne, celles qui lui sont indispensables pour assurer l'exécution pleine et entière de toutes les obligations qui incombent à l’Etat. Il ne s’agit pas seulement d’une nécessité d'ordre financier, mais bien d'une nécessité d’ordre vital. Je tiens à l'affirmer : l’effort qui est imposé au pays devrait inévitablement conduire ses habitants à une diminution du niveau de vie si la produc tion ne devait pas augmenter. * Nous l'avons toujours pensé : d’autres se tuent à le répéter, mais il nous faut bien convenir que leur voix n’a pas beaucoup d’écho. Et, cependant, notre pays peut en mourir. Veut-on un fait, entre cent, entre mille autres ? Voici : en 1935. nous consommions 68 millions de tonnes de charbon ; en 1937, 76 millions. En 1935. notre production atteignait 46 millions de tonnes ; en 1937, elle n’atteint plus que 45 millions de tonnes, soit 3 milliards de francs d'importations supplémentaires par rapport à 1935. Et M. Georges Bonnet tient des conférences pour réduire le déficit de notre balance commerciale ! Il n’est point besoin de conférence pour se rendre compte — les résultats de l’enquête sur la production, ordonnée par le premier Cabinet Chautemps. suffisent — que, si on avait produit en 1937 au moins ce qu’on produisait en 1935 — et ce n’est pas exiger beaucoup — on n'aurait pas été obligé d’exporter trois milliards d’or pour acheter du charbon à l’étranger, et notre balance commerciale s’en porterait beaucoup mieux. Et ce qui est vrai pour le charbon peut s’appliquer à toutes autres matières, que ce soit dans l'industrie sidérurgique, les produits ouvrés ou matières premières, voire même dans les industries intéressant la défense nationale, puisque nous sommes obligés, en tout et pour tout, d'acheter à l'étranger par suite de l'insuffisance de notre production nationale ! Tout cela n’est-il point navrant, et combien de fois faudra-t-il le répéter pour qu'en se décide à le comprendre ? Nous n’incriminons, du reste, directement personne de cet état de choses, que nous constatons et déplorons. D'aucuns seraient portés à croire que les ouvriers produisent moins, surtout depuis l'application des cinq huit, ce qui est tout autre chose que la semaine de quarante heures. D’autres pourront légitimement se plaindre de mauvaises méthodes de production, d’organisations défec tueuses de la production, d'insuffisance de l’outillage, etc... etc... C’est bien possible, mais n’empêche pas que le fait brutai est là : nous pro duisons moins et. dans certaines branches, nous consommons davantage. Il y a donc déséquilibre et, insensiblement, cela peut nous conduire à la ruine. Donc, il faut réagir, par n’importe, quels moyens, et rapide ment, sinon, gare au lendemain....

À propos

Fondée en 1893, La Dépêche du Berry était un journal régional suivant une ligne éditoriale de centre-gauche, ou « radicale ». Il paraît jusqu'en 1944.

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