Extrait du journal
Tout le monde était d'accord pour encourir les responsabilités, mais à la minute où il s’a ci t de les supporter, rien ne va plus. Comment, on va sanctionner les manquements et les défaillances ! Ça n’est pas de jeu. Et puis d’abord, il n’y a pas eu de grève générale, puisque le Gouverne ment dit qu’elle a échoué. Alors, pourquoi des représailles ? Mais, à notre tour, ne pourrions-nous répondre : < Si vous ne voulez pas de représailles, pourquoi vous complaire à étaler votre victoire ? Si on en croyait les bons apôtres, il y aurait ou cent pour vent de grévistes dans toutes les corporations. Alors, messieurs, c est vous qui justifiez les sanctions ! » Soyons donc sérieux. 11 est incontestable qu’il y a eu de lourdes fautes de commises. On ne peut tout de même pas y répondre par des félicitations, ce qui ne veut pas dire qu’il faille aller jusqu à 1 exagéra tion et l’outrance. Ee gouvernement, du reste, n’y songe sûrement pas. il fera preuve de fermeté, mais aussi de mesure. Seulement, il ne faut pas lui demander l’impossible, c’est-à-dire de passer l’éponge, ou alors ve serait une nouvelle démission du principe d’autorité, et aussi un encouragement à recommencer. L’impunité, en 1 "occurrence* serait do la faiblesse ; elle est à rejeter au même titre qu’une rigueur impitoyable ! Nous avons parlé de mesure ; elle s’impose d’autant plus, tant en ve qui concerne le gouvernement que le patronat, qu’il y a une discri mination à faire entre tous les meneurs de jeu et les suiveurs, les lampistes, qui font presque toujours les frais de la casse. Qu’on soit sévère à l'encontre des premiers, personne n’y trouvera à redire ; qu’on soit clément à l’égard des seconds, c'est le bon sens qui l’exige. Après les rudes épreuves qu’il vient de subir, le pays a besoin de calme et d’apaisement. Il lui faut se remettre au labeur, d'arrachepied, car l’attelage est encore loin d'être sorti du bourbier où il a failli s'enliser. Mais il faut que tout le monde y mette du sien, à commencer par ceux, et c'est justice, qui sont les plus fautifs. Le comprendront-ils ? C’est douteux, car il n'y a pas d'illusions à se faire : les masses obéissent à des mots d'ordre qu'elles n'ont même pas à discuter. Autrement, comment des travailleurs sensés se seraient-ils laissés aller à perdre un emploi rémunérateur, à compromettre le bicn-ctrc de leur foyer, pour revendiquer quoi ? Que les masses aient obéi à des mots d'ordre mystérieux, on se l’explique encore. Mais que dos citoyens de condition sociale plus élevée, des agents des services publics, des instituteurs, des professeurs de lycées, des fonctionnaires, se soient laissés entraîner dans cette voie dangereuse, voilà qui dépasse l'entendement. A coup sûr. ce sont ceuxlà les plus coupables, et si les sanctions légales s’abattent plus impi toyablement sur eux. on voudra bien reconnaître qu'ils n'auront qu’à s’en prendre qu’à eux-mêmes. Comme r'ost commode, en vérité, de s'arroger le droit de laisser en plan ta jeunesse de France, dont on s’étonnera ensuite qu'à son tour elle s’arroge le droit de rappeler à l’ordre et au respect des lois veux qui devraient avoir à honneur d’être des « maîtres », et qui ne le sont hrlas que de nom ! I)o quelle autorité pourront-ils bien se prévaloir, après va. pour enseigner la discipline, la morale et le droit ? Après tout, peut-être ceux-là estimeront-ils qu'ils ont été plus héroïques que d’aucuns, en s’exposant délibérément aux sanctions ? Alors, qu’ils ne s'en plaignent point î Le Président Daladier ne tient sûrement pas à être le victorieux. On ne voudrait tout de même pas qu'il se comporte en vaincu ! P -S. 11 semble se confirmer que M. von Ribbentrop viendrait signer un « papier » a Paris. Nous persistons à penser qu'il eût été préférable que cette visite ne se fit pas. D'autre part, on reste confondu de l’incident qui s’est déroulé, avant-hier, à la soi-disant Chambre italienne. Tout le mond'* avait pensé que c’était pour tout autre chose qu’on s’était décide à envoyer un ambassadeur près du Quirinal ! Sans vouloir rien dramatiser, on -st en droit de se demander si une « sortie » aussi intempestive mérite jien la visite que M. Chamberlain projetait de faire au Duce ?...
À propos
Fondée en 1893, La Dépêche du Berry était un journal régional suivant une ligne éditoriale de centre-gauche, ou « radicale ». Il paraît jusqu'en 1944.
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