Extrait du journal

A l’heure où paraissent ces lignes, le Généra/-CI» cm21/ file à toute vaÏ>eur vers l’Angleterre, emportant 'ambassadeur extraordinaire de Chi ne et sa suite. Après un séjour de plusieurs semaines chez nous, après avoir proclamé bien haut que la France est la première nation du monde — il en avait d’Ailleurs dit autant de T Allemagne —, le comte Li va s’exclamer, au cours de sa vi site à travers la Grande-Bretagne, que le peuple anglais est sans contes te le premier des peuples civilisés. Maintenant, quelle conséquence aura ce voyage ? Un des Français qui connaissent le plus la Chine et les Chinois, M. Léon de Rosny, professeur à l’Ecole des langues orientales, président de la Société sino-japonaise, n’hésite pas à se prononcer sur ce point. — Espérer que nous tirerons quelque profit de ce voyage, dit-il, est pure folie. Je le sais, on a dit que Li-Hung-Chang était chargé de commander en Europe tout ce qui était nécessaire pour mettre la Chine en état de prendre sa revanche sur le japon. On avait fait un tel bruit au tour de cette visite du vice-roi aux principales nations européennes et aux Etats-Unis, qu’on se figurait voir déjà les arsenaux et les manu factures d’armes travaillant de jour et de nuit pour le compte du gouverne ment de Pékin. Erreur que tout cela. D’ailleurs, le comte Li n’a été chargé que de voir et de se renseigner. Il est vrai que le temps n’est pas éloigné où on ignorait de façon pres que scandaleuse le géographie de l’Asie orientale. C’est ainsi qu’en 1862 nous avons vu le baron Gro, entamer de longs pourparlers avec Také-Ro-Uti-Simodeski-Ro-Rami, ambassadeur extraordinaire du Japon au sujet de l’ouverture d’un port co réen, Fou-San, que le plénipoten tiaire français avait confondu avec un port japonais. — Que nous donnerez-vous en échange ? avait dit après de très nom breuses audiences le japonais. — Que demandez-vous ? — L’entrée franche du port de Liverpool. — Mais Liverpool est à l’Angle terre ! fit observer le baron Gros. — Nous le savons, mais, comme...