Extrait du journal
A peine Je Parlement avait-il terminé ses laborieuses délibérations, êux premières lueurs de l'aube de jeudi matin, que le Conseil de Cabinet se mettait à l'œuvre d'arrache-picd pour arrêter les mesures «e redressement financier. Nous en connaissons maintenant le détail tt l'étendue, et, comme il fallait s'y attendre, ils sont d’importance. « Huit milliards de ressources pour le budget ordinaire, deux milliards et demi pour les chemins de fer. tel est l'effort que nous demandons au pays de consentir >. a déclaré M. Georges Bonnet, notre nouvel argentier, à la suite du Conseil des Ministres de jeudi soir. Ce sont des chiffres redoutables, et tels qu'on n'en avait pas connu depuis les décrets de misère de MM. Pierre Laval et Marcel Régnier. On ne devait cependant, grâce au Front populaire, jamais revivre cette fâcheuse époque ! On prend bien soin de nous dire qu'on va. avant toute chose, s'en prendre à la spéculation et faire rendre gorge aux impudents bénéfi ciaires de certaines opérations qui se sont pratiquées contre le franc, entre le 10 et le .10 juin. On va. en second lieu, réprimer la fraude fiscale, et on escompte ce ces diverses mesures 610 millions. La belle affaire par rapport aiw montant, de nos besoins ! Mais on va s’attaquer à la fortune, et là le produit est plus certain. On escompte l milliard 800 millions du tour de vis de 20 % sur l'impôt général pour les cotes supérieures à 20 000 francs, et de l'augmentation de l'impôt sur les mutations immobilières, sur les valeurs mobilières, les titres au porteur, les valeurs étrangères et les tantièmes d'adminis trateurs. Çà. c'est plus sérieux, et surtout plus productif. Mais le gros morceau concerne surtout les taxes indirectes, celles qu'on p^je sans s'en rendre compte, et auxquelles on demande la baga telle de 1 milliards 800 millions. Il faut noter, en premier lieu, la taxe à la production, récemment votée en remplacement du chiffre d'affaires, qui va passer de 6 à 8 r(, sauf en ce qui concerne les denrées de pre mière nécessité. Ajoutons-)- les droits de timbre de toutes espèces, la révision des tarifs douaniers, l'augmentation du prix de l'essence poids lourds, et tous les succédanés, et on aura une idée de l'aubaine qui va échoir aux < cochons de payants -. Enfin, et pour couronner le tout, on va demander 700 millions aux tabac», par une majoration générale de 20 r'c sur tous les produits, et 700 millions aux P. T. T., dont l'affranchissement de la lçttre ordinaire et la communication téléphonique passeront de 0.50 à 0.65. N'oublions pas les chemins de fer. desquels on va exiger 2 milliards 600 millions de produits nouveaux, sous forme de relèvement de tarifs sur les voyageurs c* les marchandises. M. Georges Bonnet n'y est pas. comme on dit. allé avec le dos de la cuiller î II est \rai qu'il a pris la précaution de dire qu’ < en consentant courageusement l'effort qui lui est aujourd'hui demandé, le pays contri buera efficacement à la restauration du crédit public, qui est le bien de tous, et prendra ainsi la meilleure assurance contre les risques incalcu lables (!) que lui faisait courir l'insécurité de ses finances et de sa mon naie. > Nous ne le savions, hélas ! que trop, mais on conviendra tout de même que la pilule est dure à avaler. N’oublions pas. du reste, que le Ministre des Finances a pris grand soin de nous prévenir que ce n'était la « qu’une étape dans le redressement financier du pays >. et qu’il fallait e que chacun comprenne la nécessité de travailler à l'œuvre commune, en assurant le ph«in rendement de son travail. > Autrement dit. nous pouvons encore nous en tirer en faisant ce que conseille M. L.-O. Frossard : créer de la richesse, et on ne la crée que par le travail. Mais s'il faut travailler pour créer de la richesse, il faut alors mettre délibérément un terme à tous ces douloureux conflits sociaux, qui ne font que paralyser la production et les affaires. De ce point de vue. il est pénible rie constater que le conflit de l'hôtellerie, des restau rants et cafés, qu'on croyait réglé, ne fait que rebondir. Est-ce avec des fermetures rt des occupations à jet continu qu'on pourra assurer le redressement demandé ? Bien mieux, les journaux nous apprenaient, ces jours-ci, que le député-maire de Puteaux. M. Georges Barthélemy — S. F. I. O. authen tique. s. v. p. — avait écrit au Président du Conseil pour protester et pour demander que des mesures urgentes fussent prises, afin de faire cesser l'occupafion illégale de ces chantiers de travaux d'habitations à bon marché ? Mais un entrepreneur malin n’a pas manqué de lui rétor quer qu'il y a un an, c'est lui-même qui, à la tète de hordes déchaî nées, présidait à l'envahissement des usines et chantiers et préconisait cette même occupation illégale ! Alors, vérité hier, erreur aujour d'hui ? Non. il faut que cela cesse, en tout et pour tout, si nous ne voulons pas avoir d'autres * douloureuses > à payer....
À propos
Fondée en 1893, La Dépêche du Berry était un journal régional suivant une ligne éditoriale de centre-gauche, ou « radicale ». Il paraît jusqu'en 1944.
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