Extrait du journal

Notre parti reconnaît parfaitement que le scrutin actuel n’est pas sans défauts, mais pour pallier à ceux-ci, les radicaux, à l’encontre des socia listes et des réactionnaires, ne voient pas l’unique remède en la R. P. Ils peuvent avoir tort, ils peuvent avoir raison aussi, la question est à examiner, à discuter, à retourner dans tous ses sens. 11 ne suffit pas de présenter la R. P. sous un seul aspect, avec tous ses avantages, elle a bien comme tous les autres modes de scrutin quelques défauts et quelques incon vénients ; à quoi bon les voiler avec soin, si à la première application ils doivent nettement apparaitre ? C’est peut-être ce qui nous diffé rencie des proportionnalistes irré ductibles, de voir la R. P. sous le même angle que les autres scrutins, c'est-à-dire*avec ses avantages et ses inconvénients. Le Parti socialiste part de ce prin cipe, qui lui est habituel d’ailleurs, qu’il détient la vérité réelle, pure, vierge, et que les autres font corps avec l’erreur, et il nous invite à aller discuter avec lui, non de la vérité qu’il détient et qui est intangible, mais de notre prétendue erreur dont il espère nous accabler. 11 semble nous dire : la raison est avec nous, venez nous démontrer que nous avons tort. 11 prend position et nous invite à l’en déloger par la con tradiction. Il semble oublier que c’est à lui qu’il appartient de nous démontrer qu’il recèle la vérité, que c’est à ses orateurs qu’il appartient, non de démolir, ce qui est aisé, mais de bâtir, ce qui est plus difficile. Toute l’action du parti socialiste est ainsi ordonnée. Il nous brise sous les débris de notre maison qu’il fait choir, puis il nous laisse le soin de relever les ruines, pour revenir abattre de nouveau nos murs lorsque nous les aurons relevés. Il en est un peu de même avec la réforme électorale. Le parti socialiste discrédite, ruine tour à tour tous les scrutins, et lorsque tout est à bas et complète ment inserviable, et qu’on attend que le destructeur se transforme en ré dempteur, il nous tend son élixir : la R. P. Le remède est parfait, le tout est de savoir s’en servir, et les socialistes et les proportionnalistes ont oublié de joindre l’ordonnance au remède. Le citoyen Marcel Sembat nous l’apporte-t-il ? Ab ! comme je regrette encore une lois que les socialistes en frappant nos porte-monnaie d’un impôt pro portionnel, pour grossir leur caisse, m’aient ainsi mis, avec vous tous, amis lecteurs, dans l’impossibilité de le savoir. -SU CYRANO....