Extrait du journal

. La vie chère vient de provoquer, A Paris et dan;. -un certain nombre de villes do pro vince, des incidents assez fâcheux que nous Avons relatés ailleurs. Hier, il est vrai, le calme avait succédé & l’orage, mais pour combien de temps ? Le conflit est ouvert entre les consommateurs exoéilés de tout .payer hors de prix, cl les commerçants dont 11 eet certain qu’un grand nombre montrent une mauvaise volonté évidente à baisser les prix de guerre, et en arrivent même pour maintenir les cours, à détériorer ou à jeter des denrées plutôt que de les céder à un prix moins élevé. Il a 'fallu, A Paris et dans certaines villes, l’intervention effective sur les marchés de « comités de vigilance » et de Ligues de consommateurs, pour obtenir enfin des vendeurs des prix A peu près raisonna bles. Mais ce sont là des procédés d'action directe qui risquent de s'accompagner, trop souvent, de scènes regrettables de pillage et âe violences et qu'on ne saurait recomman der. A ce point de vue, on ne peut qu'approu ver le ministre du Ravitaillement d'avoir eu l’idée de faire établir, dans toute la France, des prix normaux de vente des denrées. C’est ainsi qu’à Bourges, une commission dé partementale a établi une première liste de prix normaux que le lecteur a pu trouver, hier, A notre chronique locale. 11 est peutêtre, toutefois, utile de souligner qu’il ne s’agit IA eu aucune manière d’une taxe, mais d’un cours moyen, au-dessus ou au-dessous duquel le commerçant est toujours libre de vendre Cependant, il est fort probable que si U est vendu à certains endroits, au-dessus, il sera très rarement vendu au-dessous et, en définitive, on aboutit A une réglementa tion sinon arbitraire, tout au moins quelque peu incertaine. . . Il est certain que la tâche des commissions chargées de fixer les prix sera assez mal aisée et qu'H sera peut-être assez difficile de faire ratifier leurs décisions par tous les consommateurs. Cela sera d'autant plus dif ficile qu'on ne saurait obliger le vendeur A autre chose qu’A afficher les prix ainsi établis, et qu’il lui restera toujours la liberté de céder sa marchandise au prix qu’il Jugera bon. Le meilleur guide, en la matière, restera donc le consommateur qui se portera non pas forcément au meilleur marché, mais aux prix les plus bas à égale qualité de marchandise. La concurrence redeviendra, selon la vieille formule, l'âme du commerce. La concurrence produira toujours de plus heureux effets que la taxation, mais c’est justement à rétablir, A faciliter celle li bre concurrence que tend l’œuvre entre prise par le ministre du Ravitaillement et par les commissions départementales. Il faut bien reconnaître, en effet, que, depuis longtemps, la libre concurrence ne jouait plus guère, ou du moins qu’elle se bornait à une coneur• rence à l'augmentation et A un changement d’étiquettes, de jour en Jour, plus élevées. C'était le seul changement que l’on pouvait observer dans la situation. Cette ascension désordonnée ne pouvait, évidemment, aboutir qu'à la dégringolade et aux fâcheux incidents que Von signale un peu partout. II appartient maintenant aux conlompvateuiw A contribuer, pour 1a dus large...