Extrait du journal
La session des Conseils Généraux est close, les Chambres ne sont pas encore rentrées, et nous attendons l’inauguration de ce qui sera prêt de la future Exposition. C'est une raison comme une autre de faire la « pause » en matière de politique intérieure, et de jeter un coup d’oeil à la ronde par-delà nos frontières. La Grande-Bretagne vient de couronner son roi, au milieu, sans doute, d’un cérémonial un peu désuet, mais combien grandiose. Il n’y avait pas de < bus ». puisqu’ils sont en grève ; l'Irlande n’était pas représentée, puisqu'elle veut se retirer du Communwealth britannique ; les représentants de l’Italie et de la presse fasciste étaient absents ; mais tout s’est passé comme si de rien n’était, et les < British » sont heureux, y compris celui qui villégiature à Candé, et auquel il a plu de rentrer dans la vie civile, ce qui dénote tout de même un certain caractère. Et maintenant, la Conférence impériale, à laquelle prennent part les représentants de tous les Dominions, siège, cependant que les conver sations diplomatiques battent leur plein entre les hommes d’Etat ras semblés à Londres par cet événement. De quoi a-t-on parlé ? Très vraisemblablement de la situation de la malheureuse Espagne, qui commence à devenir tragique, et aussi du discours prononcé par le comte Ciano, lequel défraie depuis quarante-huit heures toutes les rubriques internationales. Est-ce intentionnellement que cet exposé de la politique étrangère italienne a été fait au lendemain de la « coronation », qui fut passée sous silence par la presse transalpine ? Il est assez difficile de le dis cerner à travers le discours cauteleux du gendre du Duce, encore qu’il se soit défendu de ce que la mauvaise humeur de l’Italie à l’égard de la Grande-Bretagne provienne du réarmement décidé par cette dernière. Les décisions anglaises, a déclaré le comte Ciano, n’ont point troublé l’Italie, parce qu’elle reconnaît aux autres le droit qu’après la faillite de la Conférence du désarmement elle a elle-même revendiqué, et qu’elle est en train de traduire méthodiquement en réalité ! Alors, on comprend d'autant moins cette bouderie que si l’Angleterre n’a pas juridiquement reconnu l’empire italien, l'orateur a confessé que, néanmoins, plusieurs accords étaient déjà intervenus concernant l’empire lui-même, avec la Grande-Bretagne. Il n'en est pas de même avec la France qui, d’après le ministre des Affaires étrangères d'Italie, a créé une situation anormale du fait de l’absence do son ambassadeur à Rome .— toujours à cause de la reconnaissance de l’Empire — quoique cepen dant il n'existe pas de question essentielle qui puisse, d’une manière profonde, diviser les deux pays. A l’égard de la Société des Nations, le ministre italien n'a pas été très tendre, allant jusqu'à rappeler un discours de M. Mussolini, disant •< qu’elle se renouvelle ou qu’elle périsse ! » Cependant, et quoique l’Italie considère la S. D. N. comme une * vieille barque qui fait eau de toutes parts », elle maintient, à son égard, sa position d’attente, sans trop de confiance, mais sans scepticisme dogmatique. Le portrait n’est pas très flatteur pour la S. D. N., mais elle ne s’en portera certainement pas plus mal, après ce jugement sommaire. e Le comte Ciano a également pafîé de 1’ ~ axe Rome-Berlin » ft a énoncé ce diktat, que « la politique parallèle des deux grands Etats autoritaires d'Europe constitue un facteur très utile de sécurité et de paix î » On ne s'en doutait guère jusqu’ici — témoins l'Ethiopie et les envois de volontaires en Espagne — mais, après tout, c'est peut-ctre la faute aux Etats démocratiques, qui doivent avoir une conception périmée de la sécurité et de la paix ! »i ce qui concerne le nouveau Locarno, le ministre italien n'a pas été très loquace ni très clair. Il a défini comme suit la position de l’Italie: nous sommes prêts à renouveler l'accord et à assumer entièrement les vieux accords de garantir, à condition que la structure originale du traité de Locarno ne soit pas substantiellement changée. En un mot, reprendre le vieux traité et le moderniser, plutôt que de s'abandonner à des disputes doctrinaires peut-être sans issue ! Tout cela est très joli, mais puisque le vieux traité est mort, à cause qu’il a été déchiré par l’Allemagne, il faut cependant bien en faire un nouveau, et. pour cela, ii faut causer. F.n fait, le discours du comte Ciano n'apporte rien de nouveau, mais il faut reconnaître qu’il est loin d’avoir le ton hargneux des harangues du Duce. Ce n’est pas une raison, toutefois, pour s'endormir sur le mol oreiller de l’insouciance, surtout à l’heure où plane dans l'air une possibilité d’entrevue entre le Duce et le Fiihrcr. Plus que. jamais, au contraire, les amants de la Paix doivent être vigilants !...
À propos
Fondée en 1893, La Dépêche du Berry était un journal régional suivant une ligne éditoriale de centre-gauche, ou « radicale ». Il paraît jusqu'en 1944.
En savoir plus Données de classification - yvon delbos
- baldwin
- blum
- george vi
- buckin
- delbos
- mus
- schumann
- richelieu
- eden
- italie
- venise
- paris
- londres
- bourges
- locarno
- gibraltar
- berry
- espagne
- france
- agence havas
- dépêche
- la république
- union postale
- société des nations
- conférence du désarmement
- m. l