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La Dépêche du Berry, 16 mai 1940

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La Dépêche du Berry
16 mai 1940


Extrait du journal

M. Louis Pierard. député de Mons, qui tout dernièrement encore, donnait, aux Ambassadeurs, une conférence, laisse couler l'affliction qui déborde de son cœur, dans un article de l’Œuvre. « Deux fois, en l’espace d'un quart de siècle, écrit-il, il m’a été donné d’assister à une séance < historique > de la Chambre des Représentants de Belgique a l’occasion de l’entré? de ce pays dai.s la guerre qui lui était imposée par l'Allemagne parjure. > Chose pénible et douloureuse, évidemment, mais à qui la faute, semble dire M. Pierard. « M. P. H. Spaak, ministre des Affaires étrangères, poursuit-il, con fessa avec une franchise qui l'honore, qu’il s’était trompé en espérant assurer la paix à son pays par la politique pratiquée depuis octoore 1936. » M. Pierard ne doute pas de îa sincérité du ministre des Affaires étran gères belge, mais, ajoute-t-il, « tandis que le 10 mai nous allions au devant des troupes britanniques et françaises qui montaient de la fron tière vers le Nord et vers l’Est, nous vîmes en premier lieu de longues files de camions ramenant vers la Belgique centrale des troupes belges qui avaient été cantonnées au voisinage de la frontière française. Voilà bien la preuve, n’est-il pas vrai, que la Belgique avait observé un.: stricte neutralité. > Personne ne contestera, en effet, la loyale attitude de la Belgique, mais ce fut bien l'erreur de sa politique que de croire que le teuton s’en satisferait. Respect de la neutralité, fidélité à l’engagement solennel d'octobre 1937. < chiffons de papier » que tout cela, aussi bien pour Adolf Hitler que pour Bethmann-Holweg ! Il était cependant si facile de faire autrement et de prolonger la ligne Maginot, à travers la Belgique, jusqu’à l'entrée d? la Meuse en Hollande. La « loyale > Belgique va apprendre une fois de plus, à ses dépens, quelle foi on peut avoir dans la parole allemande. Elle avait cru éviter une nouvelle ruée des barbares, en s’enfermant dans une candide et stricte neutralité et voici que, une fois de plus, elle va connaitre les hor reurs de l'invasion. C’est, en effet, sur son territoire ou à ses confins, que s’engage la plus grande bataille de l’histoire. Combien de temps durera-telle. et combien de sacrifices demandera-t-elle qui, peut-être, eussent pu être évités, au moins en partie ? On voit comment les barbares s’y prennent. Tous les moyens leur sont bons, y compris les parachutistes pseudo-militaires et les mannequins destinés à tremper ou à endormir la défense. Une trouvaille diabolique, ces « chasseurs parachutistes » pour lesquels le traître de Stuttgart est plein d'admiration et aussi de commisération... Mais à côté de ces para chutistes militaires, qu’il dit, il y a les autres, dont il ne parle pas. Quelle est leur mission, et comment notre gouvernement n'en aurait-il pas été justement alarmé jusqu’à ordonner les mesures que l'on sait ? Sans doute r.e faut-il pas avoir la phobie de 1’ < espionitc » et aller jusqu'à confondre le premier malandrin ou déséquilibré venu avec un agent, naziste. mais il convient tout de même d’être vigilant sans omettre, naturellement, la perspicacité et le discernement qui s’imposent. Cela n’était peut-être pas inutile d'être dit quoique nous fassions entière confiance à la pondération et au flair de nos populations, lesquels sont rarement mis en défaut. Nos populations, mais elles sont admirables, ainsi que nos travail leurs du reste. Il n’est que juste de dire, parce que c’est îa pure vérité, que bien loin d’avoir été troublés par les événements qui viennent de se dérouler dans la région, leur zèle n’a fait que redoubler. Tout le monde a compris que nous étions pour ainsi dire à l’arrière-front et personne ne s'en est ému. L’arrière-front tiendra comme le front, voilà tout, et là encore Hitler et ses acolytes en seront pour leurs frais. Et on tiendra partout, en France comme en Grande-Bretagne où vient de se constituer un nouveau gouvernement, sous la présidence de M. Winston ChurchiU, avec la participation des travaillistes et des libe raux. Reprenant le mot de Clemenceau, le nouveau Premier britannique a déclaré qu’il avait constitué son cabinet pour « faire la guerre > et. pour < obtenir la victoire à tout prix >. C’est le langage qu’il convient de tenir à l’heure présente, mais il doit être suivi d’actes, et d'actes cnergiques. Dans la bataille gigantesque qui vient de s’engager, et ou rivalisent d'entrain et d'ardeur toutes les armes alliées qui y participent, y compris les troupes belges et hollandaises, il faut aussi que nous fassions confiance à notre haut commandement qui a certainement son plan en tête et qui mettra tout en œuvre pour le mener à bonne fin. Foin des stratèges en chambre et des pessimistes, ayons tous foi en la justesse de notre cause qui fortifie la va’eur et la vaillance admirable de nos armées. Elles rendront coup pour coup à nos ennemis et finiront par avoir raison de sa rage aveugle et furibonde....

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Fondée en 1893, La Dépêche du Berry était un journal régional suivant une ligne éditoriale de centre-gauche, ou « radicale ». Il paraît jusqu'en 1944.

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