Extrait du journal
C’est une véritable ruée : à peine a-t-on pu équilibrer les salaires qu’on annonce une nouvelle vague d’augmentation des prix — qu’on t xagère à dessein — pour justifier une nouvelle demande de rajuste ment des traitements et salaires. Loin de nous le dessein de nier que nous ne vivions des temps difli- j cilcs, mais est-ce que ces variations du coût de la vie n’ont pas été de toute époque ? Les mauvaises périodes étaient compensées par les bonnes, et il en résultait tout de même une certaine stabilité dans les salaires et les prix. Mais les temps ont bien changé, surtout depuis un an, et à la moindre variation les salaires exigent maintenant une compensation corrélative. Jusqu’où irons-nous avec ce système ? Il faut cependant y mettre un terme, si on ne veut pas aller tout droit à la culbute. C'est au Gouvernement à prendre les mesures nécessaires pour ; rrêter la hausse des prix et des salaires, l’une étant fonction de l’autre, eu vive-versa. On l’a bien fait dans les pays a régime totalitaire, rien ne semble donc s'opposer à ce qu’un le tente en France. Si on veut que le salaire suive invariablement la courbe des prix, jamais on n’arrêtera cette dernière dans son ascension, puisque toute augmentation du salaire provoque inévitablement une augmentation du prix de revient. Qu’on nous dise le moyen de sortir de ce cercle vicieux, no "s ne parvenons nas. quant à nous, à le découvrir. Et cependant, il faut avoir le courage de le dire : jamais on ne parviendra à juguler la hausse des prix, si on n’arrête pas la course des salaires. Que si encore le rythme de la production suivait l’accélération de ces derniers, peut-être par viendra il-on à limiter, dans une certaine mesure, la hausse des prix de revient. Mais il n'y a qu’à voir ce qui se passe un peu partout pour être convaincu du contraire. Ce ralentissement de la production est du reste beaucoup moins le fait des ouvriers, que des conditions nouvelles du travail, décrétées, il i st vrai, à leur requête, et qui finiront par se tourner contre eux. On croit, dur comme du fer, dans certains milieux, que la semaine de 40 heures fera se résorber le chômage. Cela peut-être vrai, en partie pour la grande industrie et les services concédés, mais non pour les classes moyennes, le petit commerce, la petite artisannerie et la petite culture, qui en souffriront jusqu’à en mourir. Cela est si vrai que le Gouvernement est déjà acculé, sous la pression vu mécontentement, à des modifications pour ce qui concerne l'applica tion des 40 heures au commerce. El enfin, qu'on le veuille ou non, le gonflement des prix finira par raréfier les commandes d’objets manu facturés et les entreprises, d'où création de chômage nouveau au lieu de résorption de l’ancien. Voilà ce qui peut advenir, infailliblement, s- nous nous engageons plus avant dans cette voie. La C. G. T. elle-même ne le sent-elle pas. qui demande déjà un nouveau programme de grands travaux et une nouvelle tranche d'em prunt de dix milliards, que dément du reste M. Vincent Auriol. Il lui est d«\jà assez difficile de lancer la dernière tranche de l’emprunt de la Defcusejiattonale ! Nous le disons, en toute sincérité, au monde du travail — et ses meilleurs défenseurs ne sont pas ceux qui le flattent — il y a quelque chose de fêlé dans la machine, et si on ne ralentit pas sa course, elle finira par sauter....
À propos
Fondée en 1893, La Dépêche du Berry était un journal régional suivant une ligne éditoriale de centre-gauche, ou « radicale ». Il paraît jusqu'en 1944.
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