Extrait du journal
Nouvel Attila. Adolf Hitler a lancé ses hordes barbares en une ruée îantastique. La Hollande n’est plus : son commandant en chef a dû ordonner le « cessez le feu » pour éviter un massacre inutile. Elle aussi expie sa crédulité et sa mystique en une neutralité qui ne lui a servi de rien, pas même à la mettre à l’abri des ravages de la « cinquième colonne * à laquelle elle donnait bénévolement asile. La Belgique se défend héroïquement, mais que peuvent let insuffi santes poitrines de ses vaillants défenseurs contre le monstre déchaîné et son redoutable machinisme. Il eût fallu mieux et il ne tenait qu’à ses dirigeants que ce mieux fut réalisé en temps utile. Nous n’assisterions pas aujourd’hui au poignant spectacle — renouvelé de celui de 1914 — (.c la cohorte de ses nationaux, vieillards, femmes et enfants, déferlant sur toutes les routes de France à la recherche d’un gîte, lorsqu’elle a pu tchappcr à la mitraille ! La France et la Grande-Bretagne, toujours scrupuleusement respec tueuses de la parole donnée, ont répondu immédiatement à son appel, sans souci de leur propre péril, mais la tâche est immense, sur un front démesurément étendu et sans ouvrages défensifs. N’importe, on fera tout pour tenter de lui épargner, au moins partiellement, les horreurs d’une nouvelle invasion et des destructions systématiques qui sont dans la manière allemande. Sous ce rapport les hordes hitlériennes n’ent rien à envier à celles de Guillaume : elles sont encore plus féroces et sangui naires. Qu’on interroge à cet égard les infortunés réfugiés implacable ment mitraillés sur les routes et dans les trains par l’aviation naziste ! C’est à la charnière meusienne de notre front que l’ennemi a fait porter son effort maximum : il avait concentré là ses plus puissants noyé ns d’action. Il a marqué, sur l’heure, une certaine avance qui est maintenant contenue par l’admirable résistance des forces alliées, mais ranime l’a déclaré le président Paul Reynaud, la France était < visée au cœur ». Raison de plus pour nous raidir. Nous vivons des heures angoissantes, certes, mais mil’c défaillance ne saurait être permise, d'où qu’elle vienne et si haut placée fut-elle. On a parlé de « rumeurs alarmistes > de « bruits sinistres >. Qui les fait courir ? Il faut le savoir et réprimer impitoyablement de semblables menées. Le général commandant en chef les forces terrestres vient de lancer aux troupes allées placées sous ses ordres un ordre du jour vibrant : « Vaincre ou mourir. Il faut vaincre ! * Nos soldats feront tout leur devoir, partout, nous n’en doutons pas, mais il faut que l’arrière le fasse aussi, à l’usine comme aux champs, au bureau, dans la rue et clans les assemblées, partout, partout. Et si, pour avoir raison de certains faux-bruits les paroles sont insuffisantes, il faut passer aux actes ! Dans la bataille qui fait rage, et où notre pays joue son destin, nous n’avons plus le droit de pardonner ni les erreurs, ni les fautes, ni les abandons. Autrement gemment, pourrions-nous faire appel à la cons cience universelle ? Elle s’émeut, cette conscience universelle et ne se contente plus d’enregistrer platoniquement les crimes répétés de ceux qui rêvent de dominer le monde, l’ancien comme le nouveau. Du sud-américain des voix nous sont parvenues qui demandent que soit reconsidérée la « neutralité > des républiques du nouveau monde. Le président Rooseve’t poursuit inlassablement ses efforts : 11 a adressé un nouveau message à M. Mussolini pour la « limitation du conflit euro péen ». Il s’est présenté devant le Congrès des Etats-Unis pour demander un renforcement massif des moyens de défense nationale de la grande république nord-américaine, excipant que < plus que jamais la protection rie tout l’hémisphère américain centre une invasion, ou un contrôle, ou une domination par des nations non américaines, a besoin du soutien unanime de toutes les républiques américaines ». On finira bien par comprendre, de l’autre côté de l’Atlantioue, que le péril hitlérien n’est pas un mythe et qu’il peut se répandre aux autres continents. Les Alliés sont seuls, pour l’instant, à contenir les barbares. Ils se sacrifieront sans compter pour les empêcher de passer. Mais fi. ce que nous ne voulons pas croire, leur sacrifice demeurait vain, que deviendrait la liberté dans le monde ?...
À propos
Fondée en 1893, La Dépêche du Berry était un journal régional suivant une ligne éditoriale de centre-gauche, ou « radicale ». Il paraît jusqu'en 1944.
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