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La Dépêche du Berry, 20 janvier 1901

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La Dépêche du Berry
20 janvier 1901


Extrait du journal

des exécutions capitales. » La Haute Assemblée convient ainsi que l’intimi dation causée par ce genre de specta cles aux aspirants assassins, est abso lument nulle. Et d’ailleurs, la question doit être placée sur le terrain des principes : il ne s'agit pas de savoir si la peine de mort est nécessaire, il s'agit d’exami ner tout d’abord si elle est légitime. Il ne suffit pas, pour cela, qu’elle soit inscrite dans la Loi de l’homme : il faut aussi que la conscience humaine puisse l’approuver sans restrictions; il faut que cette loi suprême des démo craties fortes,déclare que les Principes supérieurs du Droit, ne souffrent en aucune façon de son existence. Or, la peine de mort n’est pas légitime. Le grand argument qu'on nous donne est le fameux « droit de légitime dé fense » qu'ils accordent ou délèguent à la Société. Le malheur est qu'il ne peut être délégué.Nous ne contestons pas ici, qu’on le remarque bien, ce droit qui appartient à l’homme objet d’une agression qu’il n’a pas provo quée. Qu'il tue son peu intéressant agresseur ; que d’autres, venant à son secours, en fassent autant pour le dé gager, rien de plus conforme au droit naturel. Mais quel rapport peut avoir l'acte de ces personnes avec l’acte qui consiste à livrer au bourreau, un an, parfois deux ou plus après le crime, un prisonnier abruti par le régime de la prison, et par la peur de la terrible échéance pénale ? Ce n’est plus là un acte de défense ou de justice, c'est un acte de vengeance et de cruauté La Société n’a pas le pouvoir moral de se substituer à la victime. Elle avait le devoir de la protéger; si elle a manqué à son devoir, il ne faut pas en conclu re qu’elle ait le devoir de s'en venger sur ( assassin ; car l’existence de la peine de mort équivaut à un aveu d'impuissance. Mais nous sommes d’avis aue tous les droits que peut avoir la Société sur un homme expi rent quand ils se trouvent en conflit avec le droit à la vie, que possède tout être humain. Cette foule qui, dans la salle des Assises noyée d’ombre ou éclairée par un soleil printanier, hurle parfois et réclame du sang,face à face avec l'ima ge de celui qui a proféré cette parole sublime • «Aimez-vous les uns les au tres 1 » ; ces jeunes voyous qui,juchés sur un mur(i'ai eu ce spectacle à Nancy en 1897),indiquent par gestes aux ju rés que la peine de mort leur donnera toute satisfaction, ces manifestations indécentes auxquelles donne .lieu l’exécution, — tout cela indique-t-il chez les assistants l’existence d'un sentiment de justice ? N’est-ce pas là plutôt l’indice d'une cruauté passionnée, que l’espoir de la condamnation capitale entre tient ? Et ces scènes affreuses.ee mar tyre matinal du condamné, sorte de défi porté à la Divinité, qui a voulu que le soleil luit pour tous, est-ce là delà justice? est-ce là même de la vengeance ? Le véritable assassin, à la minute où le couperet s’abat ; ce n'est...

À propos

Fondée en 1893, La Dépêche du Berry était un journal régional suivant une ligne éditoriale de centre-gauche, ou « radicale ». Il paraît jusqu'en 1944.

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