Extrait du journal

le moral du pays. L'entrée du maréchal Pétain, le glorieux vainqueur de Verdun, que Bourges eût le si vif plaisir de saluer 11 y a quelques années, a réjoui tous les cœu.’s français. De même l'accession au département de l'Intérieur de M. Georges Mandel, le fidèle collaborateur du « Tigre >. Un esprit lucide et une main ferme s’imposaient place Beauvau dans les conjonctures actuelles. C’est fait. Enfin la prise de possession du commandement en chef des forces alliées par le général Weygand, disciple de Foch, est un heureux événe ment. à tous points de vue. Nous disions, dans notre dernier bulletin, qu’aucune défaillance ne devait être tolérée, et que les responsabilités devaient être recherchées, si haut placées fussent-elles. Les 'mesures prises nous donnent une première satisfaction et elles auront certaine ment la plus heureuse répercussion dans toutes les couches de l’opinion. Depuis huit mois nous nous étions installés dans la guerre « pourrie ». Le coup de tonnerre du 10 mai nous a tiré de notre léthargie. Nous savons depuis ce jour que nous sommes en guerre et que cette dernière a ses exigences. Elles sont parfois dures, pénibles, inexorables, mais t’est le salut du pays qui est en jeu, et il faut savoir s’incliner devant elles. En prenant la direction du département de la Défense Nationale et de la Guerre. M. Paul Reynaud a couru lui aussi son « risque » car ses responsabilités ne vont en être que plus lourdes, mais 11 a fait preuve de cette crànerie qui est l’apanage de tous les bons Français. Son courage tranquille, son esprit de résolution lui gagneront des sympathies qui, Jusqu’ici, s’étalent montrées réticentes. Hier, au Sénat, il a tenu le langage mâle et viril qui convenait, tout en ne fardant pas la vérité qui, seule, peut nous sauver. Des fautes Incroyables ont été commises, a-t-il confessé : elles seront punies comme 11 convient qu elles le soient. L’effort de redressement et de salut public doit être total dans tous les domaines, car la « patrie est en danger ». < Si on me disait, a ajouté le chef du gouvernement, qu’il faut un miracle pour sauver la France, Je répondrais que Je crois aux miracles, parce que je crois en la France ! » Nous n’avons pas besoin de dire que ces paroles vibrantes ont vivement frappé la Haute Assemblée qui les a couvertes de vifs applaudissements, ainsi que les remerciements à la Royal Air Force pour son héroïsme. Par ailleurs, M. Paul Reynaud a fait allusion aux « saboteurs et aux lâches > qu’un châtiment exemplaire attend. N’est-11 pas inconcevable qu’il y ait des criminels qui. dans les heures atroces que nous vivons, oseraient pactiser avec l’ennemi et servir ses desseins Insensés ? Il n’aura donc pas suffi que. par une folle politique, on ait, dans ce pays, pendant une trop longue période, amenuisé à ce point nas forces productives que notre préparation militaire s’en soit révélée infériorisée, surtout en avia tion. il faudrait encore y ajouter l’infâme trahison 1 C’est Inimaginable. Eh quoi ! ce n’était pas assez d’avoir endormi le monde du travail dans les délices des loisirs et cinq-huit, pendant que l’Allemagne se for geait une armure prodigieuse et diabolique, voici qu’on nous révèle des pratiques de < sabotage » de notre matériel de guerre, et des actes de « lâcheté >, alors que le sang de nas valeureux combattants coule à flots ! Evidemment oui il faut réagir et sans perdre une minute. Devant la gravité de la situation chacun doit comprendre que c’est fini de Jobarder et de bobarder. Du plus humble au plus haut placé chacun ne doit plus avoir en vue que le salut du pays. Tant pis pour ceux qui ne le comprendraient pas !...