Extrait du journal

Il reste une difficulté. Certains grin cheux ne manquent pas de dire: « Puisque le traité de commerce avec la Russie a une telle importance politique, puisque, d’après votre témoignage, il doit ré concilier les deux pays, dès lors à quoi bon s'embarrasser de ces armements nouveaux, dont le but est de faire front contre le voisin de Petersbourg, en même temps contre le voisin de Paris ? Pourquoi de nouveaux impôts militaires? Que le ministre des finances, Miquel, nous laisse en paix avec ses taxes sur le tabac, sur le vin, sur les quittances ? Nous voici rassurés du côté de l’Ouest. » Ce raisonnement a chance de séduire maints membres du Reichstag. Les im pôts militaires sont déjà à moitié com promis. Ce peut être là pour eux le coup définitif. Aussi, Guillaume, qui sent le danger, continue ses dévotions à Bis marck avec un redoublement de ferveur . Bismarck devient pour lui une sorte de fétiche, afin de conjurer les mauvais sorts, c’est-à-dire les mauvais votes du Reichstag. Les deux compères ont-ils causé poli tique au dîner de Friedrichsruhe ? C’est plus que probable. Mais, alors même qu’ils ne seraient rien dit, le fait seul de s’embrasser et de trinquer ensemble a déjà une importance considérable, au point de vue de l’effet produit, soit en Allemagne, soit au dehors. iwmmmmàmmmmmmmÊmmmmmmmmmmm—mmMm ÉCHOS ET NOUVELLES Accident au théâtre de la Gaîté. — Hier soir, au théâtre de la Gaîté, à la fin du dernier acte de Surcouf, un accident qui aurait pu avoir des suites graves, s’est produit. On en était à la scène de l’abordage du vaisseau anglais et à ce tableau des danseuses représentant des matelots français montent sur les échelles de cordes qui entourent le mât du navire. Ce mât se trouve dans la machi nation du théâtre fixé par deux câbles qui, partant de l’extrémité du mât, viennent abou tir à l’avant et à l’arrière du bateau. L’un de ces câbles s’est subitement rompu et toutes les danseuses qui, simulant un combat, avaient grimpe sur les échelles de corde, furent pré cipitées sur le pont du navire d’une hauteur de six mètres eaviron. Sur la scène et en-dessous d’elle se trou vaient un certain nombre de choristes et de figurants. Les danseuses tombèrent donc sur leurs camarades blessant l’un d’eux assez grièvement et se faisant à elles-mêmes des contusions et des blessures. Si par bonheur leur chute n’avait pas été amortie par d’autres câbles auxquels les dan seuses purent se raccrocher, l’accidenâ aurait eut des conséquences plus sérieuses. Cependant sur les sept jeunes femmes blés sées, deux le sont assez grièvement à la poi trine. Les cinq autres n’ont que des contusions aux jambes et aux bras. Le régisseur a fait baisser le rideau tandis qu’on emportait dans le foyer les blessées, puis on a relevé la toile et la pièce s’est ache vée sans autre incident. Deux médecins qui se trouvaient dans la salle, aussitôt prévenus, accoururent auprès des blessés et leur donnèrent les premiers soins, aidés du médecin de service. , Il est facile de comprendre l’émotion qui s’était emparée des artistes à la vue de leurs camarades blessées. Plusieurs femmes même s’étaient évanouies, mais comme nous l’avons déjà dit, aucune blessure n’était sérieuse. L’acte fini, tous les artistes arrivèrent dans le foyer, on transporta les blessées dans des voitures et des camarades s’offrirent à les accompagner chez elles. Ajoutons que leur état n’inspire aucune inquiétude, et qu’elles en seront toutes rédui tes à deux ou trois jours de repos seulement. Les anarchistes en Belgique. — L’inspec teur Jaume a passé la journée d’hier à Liège, où il a fait des recherches concernant les anarchistes % Il y a, en effet, à Liège, un assez grand nombre d’anarchistes étrangers, et notam ment d’anarchistes français. L’Inspecteur Jaume est retourné à Paris le soir môme. Il y a quelques jours, les agents de la police do Bruxelles surprenaient, la nuit, deux in dividus occupés à crocheter la porte d’un magasin du boulevard Anspach. Ces deux...