Extrait du journal
A son retour d'Amérique. M. Georges Bonnet, au cours de ses audi tions devant les Commissions des Finances des deux Assemblées, n'avait pas caché la maladie dont nos finances étaient atteintes. Et il avait indiqué 1rs remèdes qu'il avait l intrntion d'employer : inflation, par avances de la Banque de France ; •dévaluation, impôts très lourds. Au lendemain du départ des Chambres, un premier train de me sures fiscales nous avait apporté l'inflation et les nouvelles charges dont nous commençons à faire l’expérience, au moins en ce qui concerne les taxes indirectes. Le paquet de gris à trois francs et la lettre à treize sous font déjà merveille ; on n'a pas encore trop entendu parler des nouveaux tarifs de chemins de fer. mais va va venir. Le deuxième train, qui vient d'entrer en gare, nous apporte, lui, une nouvelle dévaluation, basée sur un poids de 43 milligrammes d'or iiu titre de 900 millièmes de fin par franc. C'est à dire que notre vieux franc do Germinal, ramené à quatre sous par la dévaluation de 1926, puis à trois sous par la dévaluation Auriol, ne vaut plus maintenant qu’un peu plus de deux sous ! Avec le produit de la réévaluation du stock d'or de la Banque de France (48 359 millions et demi, au 15 juillet), on va créer un fonds de soutien des rentes, qui permettra à la Caisse d’amortissement d'acheter et de vendre en bourse des titres de rentes perpétuelles ou amortissables, e t des valeurs du Trésor à long ou moyen terme, afin d'en soutenir les cours. D’autre part, on nous annonce, pour les premiers jours de la semaine prochaine, tout un ensemble de décrets-lois devant répartir les allège ments de trésorerie pour 1937 et 1938. Il s'agit là de compression de dépenses, c'est-à-dire de mesures de déflation, qui porteraient, dit-on, sur 25 milliards de dépenses hors budget, sans que soient touchées celles concernant la défense nationale. M. Georges Bonnet avait déclaré qu’aucun gouvernement, fut-il même national, ne pouvait dépenser hors budget cinquante milliards par un. Il avait annoncé des coups de hache. Il tient parole. 11 n’est point besoin de répéter que ces mesures apparaissent comme rigoureuses, très rigoureuses même. Mais quoi, on n avait pas le choix ucs moyens. C'était va ou la culbute ! Encore convient-il de se féliciter, si on peut employer cette ex pression par les temps qui courent, d'avoir échappé à des mesures plus sévères. Nous aurions très bien pu être acculés à l’emprunt forcé ou à la conversion des rentes, et encore n’est-il point très certain que nous échappions à cette dernière. Fit puis, il y avait en perspective de nouvelles nationalisations, appelées par euphémisme « réformes de structure >. Le gouvernement «le M. Camille Chautemps a pris l'engagement de n'en faire aucune. C'est déjà quelque chose. Si donc notre affliction est grande, tentons de nous consoler en songeant qu’il aurait pu nous arriver pire. C’est ce qui fait écrire à M. T,.-O. Frossard, qui est un pince-sans-rire dans son genre : « Lors qu'on me demande à quelle sauce je veux être mangé, je suis ému îvsqu'aux larmes qu’on ait la courtoisie de m'oflrir le choix entre plu sieurs genres de fricassées, mais j'ai tout de suite un réflexe bien na turel : je ne veux pas être mangé. > Sans doute, confrère, vous ne tenez pas plus à être mangé, que les contribuables ne tiennent à être tondus outre mesure : mais, voilà, il eut fallu, pour cela, résister à l'envoûtement, à la mystique du < Front populaire » et à ses slogans magiques : le pain, la paix, la liberté, ou, les riches paieront I C'est pour avoir cru. vous aussi, à ces fadaises, que nous nous trouvons, aujourd'hui, dans l'obligation de recourir à l'inflation, la dé flation. la dévaluation, l'impôt, le franc flottant. V « open market tout ; passe, dites-vous. Hélas ! que n’avez-vous, vous et bien •Vautres, crié casse-cou plus tôt ! Nous n'en serions peut-être cas où nous en sommes....
À propos
Fondée en 1893, La Dépêche du Berry était un journal régional suivant une ligne éditoriale de centre-gauche, ou « radicale ». Il paraît jusqu'en 1944.
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