Extrait du journal
Par 292 voix contre 208 accordées à M. Etienne, la succession de M. Henri Brisson échoue à M. Paul Deschanel. C’est, dans une chambre à majorité de gauche, la victoire du candidat des oppositions sur le candidat des répu blicains. 11 serait contraire à la vérité de pré tendre que ce résultat nous a surpris. Par tous, pouvons-nous dire, il était prévu. Le lamentable spectacle fourni par les groupes de gaucho pendant les tractations qui précédèrent le scrutin ; l’indécision, le trouble, qui présidèrent aux débats pour la désignation du candidat du parti radical, tout dénotait le manque de cohésion, le manque de discipline pré curseur de la défaite. Oui, la défaite s’annoncait comme cer taine dès que le parti républicain montra qu'il était incapable de modérer, de ré fréner les ambitions personnelles et de désigner Tunique candidat qui devait porter son drapeau. Et puis, il faut le dire, parce que cela est la vérité: M. Etienne était un des plus mauvais candidats que pouvait avoir le parti républicain. A tort ou à raison le député d’Oran apparaît comme le dé puté d'affaires, mêlé aux grandes entre prises financières, colonial à outrance, ayant des intérêts considérables dans les entreprises de transport, suscitant de par cette situation même Tliostilité de nombre de républicains. Le parti radical et radical-socialiste qui n’a pas su, qui n’a pas voulu avoir un candidat à lui devait immanqua blement se faire battre dans la personne de M. Etienne qui n'appartient pas à ce parti, mais qui se recommande, comme M. Deschanol, du groupe de la gauche démocratique. La seule différence qui existait entre ces deux candidats était que l’un, M. Etienne, ne faisait appel qu’aux suffrages de gauche, tandis que l’autre, M. Des chanel, déjà lié par son passé à la droite, apparaissait bien comme l’homme des oppositions conservatrices. 11 devint mieux encore puisqu’il par vint à grouper sur son nom, sous le fal lacieux prétexte de proportionnelle tous les suffrages des adversaires du parti radical, de M. Piou à M. Jaurès. Une fois de plus la proportionnelle servit hier de couverture à la coalition immo rale, à l’alliance inavouable de la droite et de Textrème-gauclie. Il serait pour les socialistes, cruel à nous d'insister. On eut compris à la ri gueur, «lue placés entre un Deschanel et un Etienne ils se fussent abstenus ou qu’ils eussent continué à voter pour l’un des leurs, on justifie mal, même par la proportionnelle, l’alliance qui fait échoir le fauteuil de M. lirisson au candidat de la réaction. C’est la réédition au parlement de ces coalitions monstrueuses nouées, partout dans le pays, aux dernières consultations électorales contre le parti radical et radical-socialiste. Et puisqu’il faut tout dire, il nous faut constater que c’est encore dans ce groupe de la gauche démocratique, qui compte tant d’hommes indécis, aux opinions flottantes, que se recruta le candidat etioisi par la réaction. Que ce soit au Parlement que ce soit dans le pays, le même système opère. C’est un candidat à nuance républicaine, pouvant grouper sur son nom un certain contingent de suffrages républicains qui sert à la réaction pour battre le candidat de gauche choisi par les républicains. C’est toujours dans ce groupe ouvert à tout venant et à tout vent de la gauche démocratique que se trouve l’appoint de républicains qui ne répugnent point à à une alliance avec la droite. C’est une constatation qu’il nous faut faire et que nous faisons sans acrimonie aucune mais simplement parce qu’elle est l’expression de la réalité. Mais, dans toutes ces élections, la res ponsabilité du parti radical n’en est pas moins grande. Dans l’élection présidentielle, il donna ces jours derniers le spectacle lamen table d’un parti mal organisé, mal dirigé, incapable d'une résolution nette et virile. 11 se devait, par le nombre de ses représentants à la Chambre, de choisir le candidat de gauche, sans hésitation, et de le dresser hardiment contre les can didatures d’ambitions personnelles ou de compromissions scandaleuses. Il devrait surtout, à l’avenir, astreindre scs adhérents à un peu plus de disci pline et de cohésion, et s’il ne veut pas, au Parlement d’abord, dans tout le pays ensuite, perdre toute force et tout crédit, il lui faudra rompre nettement avec les errements passés. Les dirigeants de notre parti com prendront-ils enfin que c’est pour lui une question de vie ou de mort ? Chemins de fer P. L. M. FÊTE DE LA PENTECOTE Les quelques jours de vacances que procure la Fête de la Pentecôte donnent lieu chaque année, à de nombreux déplace ments sur le réseau P.-L.-M. si remarquable par les belles régions qu’il dessert. Les voyageurs apprendront avec plaisir qu’à l’occasion de cette fête, les coupons de retour des billets d’aller et retour délivrés à partir du 23 mai, seront valables jusqu'aux derniers trains de la journée du 'dû mai 1912, étant entendu que les billets qui auront normalement une validité plus longue con serveront cette validité....
À propos
Fondée en 1893, La Dépêche du Berry était un journal régional suivant une ligne éditoriale de centre-gauche, ou « radicale ». Il paraît jusqu'en 1944.
En savoir plus Données de classification - etienne
- deschanel
- moreau
- cochery
- cochon
- millerand
- pasquier
- clemenceau
- paul deschanel
- chio
- paris
- berlin
- fez
- berry
- bourges
- alsace-lorraine
- blois
- londres
- angleterre
- brest
- parti républicain
- parlement
- parti radical
- conseil de guerre
- conseil de cabinet
- fédération des mineurs
- bourse du travail
- faits divers
- armée française