Extrait du journal

Précédée dp doux grandrs manifestations républicaines, le jubilé ..oblique du Président Jeanneney à Luxeuil, et le discours du Président Herriot à Villeurbanne, la journée de lundi a vu se dérouler, sans faste grandiose sans doute, mais dans une atmosphère de satisfaction et aussi de soulagement, l'inauguration de l’Exposition internationale de 1937. On n’ira pas jusqu’à dire que tout était au point — tant s’en faut — pour cette journée d’inauguration qui, radieuse par le temps, eût pu être magnifiquement inoubliable si l’Exposition avait été un peu plus avancée, mais enfin elle est ouverte, et c’est déjà quelque chose. Dire qu’il n'y avait pas un peu de mélancolie, voire d’affliction, sur le* visages de MM. les Officiels, et un peu d’amertume voilée dans les harangues qui ont été prononcées, serait beaucoup dire : mais, à zquoi bon récriminer. Notre confrère Le Temps, lui-même, n’écrit-il pas que < tout le monde doit maintenant, sans réserve et sans arricre-pensée, travailler à un succès qui sera le succès de tous, et en toute première l:gne les ouvriers de l’Exposition qui, hélas ! n'est pas terminée et doit l’étre dans le moindre délai possible. > H n’est pas douteux que l'Exposition sera une des plus belles mani festations du génie humain quand, dans quelques semaines, on pourra ; examiner complètement terminée et parée. Jamais, on peut dire, un effort aussi gigantesque n'avait été conçu, et si on peut regretter qu’il c'ait pu être mené à bien dans le délai imparti, du moins faut-il avoir '"impartialité de reconnaître — en dehors de certaines causes trop connues — que la conception originelle de l’Exposition s'est singulière ment développée et élargie au cours de son exécution. Partie de rien, à son berceau, elle a. dans les mois qui ont suivi, pris un essor formidable, et c’est maintenant une véritable cité dans la Cité, à laquelle près de cinquante Nations ont tenu finalement à parti ciper. Quel magnifique exemple ne pourrions-nous donc donner au monde, si nous savions en temps utile mettre un terme à nos querelles intestines î Et c’est pourquoi le Président de la République a pu dire, dans son allocution inaugurale : — Puisse le grand rassemblement de cette année enseigner, une fois de plus, aux hommes, qu’il n'est, pour le monde, de dignité de vie que dans une compréhension mutuelle des besoins, des aspirations, du génie de chaque peuple, de prospérité que dans un échange toujours plus intense des produits et des idées, do bonheur que dans une saine pratique de concorde et de paix internationales. » De son côté. M. Edmond Labbé, — l’actif Commissaire général — qui r.’est pas un inconnu pour nous — et qui ne fut pas précisément sur un lit de roses depuis dix-huit mois, a pu dire excellemment que l’Expo sition de 1937 sera mieux qu'une Conférence de la paix. Elle ne sera pas seulement la confrontation des techniques complémentaires — et même rivales — mais elle permettra ce contact direct entre les hommes \ enus de tous les points du continent. Plus encore qu'une réunion de gouvernants, elle sera la puissante Assemblée des Etats-Généraux de la production universelle, à laquelle personne n'aura le moindre effort à frire pour donner une âme commune. 4, Saluons donc l’Exposition des Arts et Techniques comme une mes sagère d’union, de concorde et de paix entre tous les peuples. Et, pour ce qui nous concerne plus particulièrement, formons des vœux pour qu’elle soit aussi salutaire à notre pays. Qu’elle soit le signe d’une sorte de réconciliation nationale, pendant la trêve qui a été demandée par le Président du Conseil, et que. pendant toute sa durée, le flambeau ce la civilisation et de la liberté puisse briller dans son ciel rasséréné....