Extrait du journal

Un de nos lecteurs m'écrit, à propos de mon dernier article sur le prix des choses, que la spéculation doit être la principale cause du mal, puisqu'il arrive que tel article coûte moins cher à Paris que dans telle petite ville, voire dans tel village. Mon correspondant a raison pour ce qui est des différences de prix, à première vue surprenantes. D'après les dernières statistiques, en effet, et si l'on prend pour base le chiffre 100 comme étant celui du prix moyen de la vie en 1914, on constate qu'en 1922, il convient de porter ce chiffre à 367 pour Toulouse, à 318 pour Pau, à 333 pour Marseille, à 348 pour Mont-de-Marsan et à 291 seulement pour la capitale. Mais les statistiques, si soigneusement qu'elles soient établies, sont souvent trompeuses. En outre, il n'en allait pas autrement en un temps où l'on ne rendait pas la spéculation responsable de tous nos malheurs. Le cas est classique du banlieusard qui va acheter le dimanche un melon à la ville, afin de l'avoir à meilleur compte. Et les ports sont-ilù donc rares où le poisson est hors de prix parce que toute la pêche s'en va par le train de marée ? Il y a aussi les charges locales dont il ne faut pas négliger de tenir compte. Les centimes additionnels occupent une place — qui n'est pas toujours petite si elle est toujours invisible — dans les colonnes des mercuriales....