Extrait du journal

On va déjà disant que le premier de ces grands coups sera la dissolution. Pour ma part, je n'y crois guère. Si l'on dissolvait cette Chambre si docile et si humble, on avertirait un peu trop le pays qu'on est décidé à le troubler. Nombre de gens des plus tranquilles, des plus éloignés de nos opinions, sentiraient la menace. Cette crise gratuite, sans prétexte, dévoilerait trop les arrière-pensées. La prétention d'avoir une majorité plus domestiquée..,semblerait trop exorbitante. On serait sûr d'aller à un désastre électoral. Ajoutez à cela l'impopularité de la dissolution, même dans la majorité de M. Périer. Le député, assis au Palais-Bourbon, aime bien y rester ses quatre ans. Chaque élection coûte de l'argent; puis, l'on n'est jamais sûr d'y revenir. Les meilleurs amis du président le supplieraient de ne pas jouer la partie. On pensera à la dissolution tout le temps ; elle a pour elle toutes les sympathies sénatoriales, et pourtant on ne la fera pas. C'est peut-être dommage. Elle pourrait bien tromper les espérances de ses auteurs....