Extrait du journal

Hélas ! la situation n'en est pas plus gaie pour nos pauvres soldats ! Mieux vaudrait pour eux avoir affaire aux habitants de Madagascar, qui fuient de. vaut nos troupes, qu'aux lamentables conséquences des monstrueuses bévues rjue ces deux services se rejettent l'un sur l'autre et qu'ils feraient mieux de se partager équitablement. Des ennemis plus redoutables que ces demi-barbares n'effrayeraient pas nos braves troupiers. On se bat, on tombe peut-être, dans la glorieuse ivresse du combat; on tombe sous les plis du drapeau. On ne se plaint pas. Mais les longues et absurdes souffrances des vaisseaux de transport où rien n'est prêt pour recevoir les troupes ; les privations endurées parce que les provisions se sont égarées en route ; la lutte contre un ennemi invisible et impalpable, épars dans l'atmosphère, le long empoisonnement par la fièvre, dans les cantonnements où l'incurie de la direction immobilise nos soldats; le retour des malades exténués, saluant enfin la mère patrie avec un cri de joie, et n'y trouvant rien pour les recevoir... Non! ce n'est pas ce que méritaient les braves gens qui ont été risquer leur vie là-bas pour l'honneur de leur pays !...