Extrait du journal

Tout ce qu'on a trouvé jusqu'ici, c'est de tenir un ferme langage aux Crétois, en les engageant fort à ne s'insurger que dans la mesure où cela ne ferait pas trop de peine à nos excellents diplomates. « Vous vous aliénerez les puissances, leur dit-on gravement, si vous n'écoutez nos avis. » S'aliéner les puissances, quelle affaire ! Et à quoi se déciderontelles, ces augustes personnes, si elles ne sont pas contentes des Crétois pour qui elles ont déjà tant fait? Elles ont laissé massacrer cinquante mille Arméniens faute d'oser exiger du sultan les réformes dont elles lui avaient solennellement arraché la promesse au congrès de Berlin. De nouvelles abominations sont encore journellement commises. Des bandes d'insurgés ont reparu en Macédoine, champ de bataille savamment préparé par les races grecque et slave. Alors tous les grands politiques, dont l'incapacité prolongée a amené ce résultat, s'exclament et vont du sultan aux insurgés disant à l'un : « Faîtes des réformes », et aux autres : « Soyez bien sages. »...