Extrait du journal

La manœuvre est connue. M. de Mackau, M. de Mun, M. Piou n'ont rien inventé. En 1848 aussi, il n'y avait que des républicains, et pas un monarchiste n'arborait son drapeau. Le jour de la réunion de l'Assemblée constituante, les représentants du peuple parurent sur les marches du Palais-Bourbon et acclamèrent sept fois la République. Les monarchistes crièrent plus fort que les autres. Etaient-ce des monarchistes? Oh! que non. Ils s'appelaient « républicains honnêtes et modérés. » Dès le lendemain, ils commencèrent contre la République, contre le régime républicain, une guerre sans trêve ni merci, sous prétexte de lutter contre le socialisme, un peu plus je dirai contre l'anarchie. Des ministres républicains prirent, les premières mesures de réaction et essuyèrent les plâtres au profit de leurs ennemis. Dès que « les honnêtes et modérés» eurent la majorité, ils se montrèrent tels qu'ils étaient ; ils firent la loi du 31 mai qui mutilait le suffrage universel et mettait, le plus bel atout aux mains du prince Louis Bonaparte. On sait le reste. L'histoire doit-elle se recommencer? Sommes-nous condamnés à voir se former un nouveau parti « républicain honnête, et modéré » dirigé par les plus dangereux ennemis de la République et qui préparerait les voies à la réaction triomphante ? ....