Extrait du journal

Les solitudes, les vastes espaces, ' furent les défenses naturelles de certaines formes de l'idéal. Jadis, la Méditerranée semblait immense. Les navires antiques ne se risquaient , point à la traverser ; ils en lon, geaient lentement les côtes, un voyage durait très longtemps, les communications entre les peuples riverains laissaient intacts les usages, les besoins, les caractères de chacun d'eux. Les temps modernes ont tout changé en innovant, par la réduction des distances, la loi du i rapetissement planétaire. La conquête de la vitesse a nourri l'espoir i que les nations, pouvant se rejoindre infiniment plus aisément qu'autrefois, apprendraient, en se connaissant mieux, à fraterniser. Elles ne se sont jamais autant défiées les unes des autres ; elles vivent dans la jalousie, les revendications sociales, économiques et territoriales, les armements de la crainte répondent aux armements de la provocation, et le potentiel de la convoitise a plutôt augmenté. Autrefois, il se limitait au. duel, de deux peuples rivaux ; beaucoup d'autres s'ignoraient, faute de moyens de contact, et consommaient parallèlement leurs destins sur ce qu'on pouvait alors appeler la vaste terre. Maintenant, il semblent étouffer dans les logis trop étroits. Tout est loué et la place manqué. •...