Extrait du journal

Fort bien; en est-il moins vrai que, même avec son plan de défense, Toulon n'était pas précisément triomphant, lors de Fashoda? Ce n est plus un mystère : nos amiraux ont plutôt conseillé la paix. Certes, ils auraient bravement marché en cas de guerre ; mais presqu'à l'unanimité ils préféraient qu'il n'y eût pas de guerre. Certes le pays a senti cruellement l'humiliation de Fashoda. Mais plus poignante encore a été la découverte brutale, comme à travers la déchirure d'un rideau, qu'après vingt-huit ans de réparation et de préparation, nous en sommes là. Etait-ce vraiment la peine de dépenser tant de milliards, de l'imposer la dure charge du service obligatoire? De là, dans quelques esprits, an certain découragement : laissons les longs espoirs et les vastes pensers; que la France renonce à l'héroïsme, à la gloire ; que désormais elle se contente de vivre et de bien vivre ; qu'elle se fasse naturaliser belge on hollandaise ; plus de flotte, sinon pour le commerce ! Plus il'armée, sinon pour la gendarmerie !...