Extrait du journal

M. Briand a commencé un véritable redressement de notre politique extérieure dans les longs débats qui ont précédé son départ à Washington. Une figure nouvelle de la France se façonne peu à peu aux yeux de l'étranger sous ses mains expertes et patientes. Il en efface les traits brutaux, les sourcils froncés toujours menaçants, l'expression dure des jours guerriers. Et un visage résolu mais pacifique se modèle apportant à l'Europe méfiante un apaisement et une espérance. Nous prenions devant le monde allure de gens toujours prêts à faire sonner l'épée dans le fourreau et à nous isoler dans l'orgueil do notre victoire, courant au seul pourchas des intérêts matériels sur tous les marchés, faisant risette aux royalistes hongrois pour en obtenir des privilèges industriels ou financiers, luttant au nom de ces privilèges contre les aspirations légitimes du - peuple turc, diminuant pir nos ironies hostiles les deux seules chances de paix du- | rable que sont pour notre avenir : une Allemagne républicaine débarrassée des pangermanistes et une Société des Nations douée d'un prestige moral souverain. Ce n'était pas là la politique d'une France démocratique, secourable aux souffrants, pitoyable aux repentis, attirant à elle les peuples par ses idées généreuses. Pendant la guerre, notre force a dépassé nos moyens matériels parce que la justice de notre cause a soulevé autour de nous des sympathies agissantes. L'isolé sera touiours la vaincu. Le seul moyen pour nous de rester forts est d'être aimés. Nous commencions à ne plus l'être. M. Briand. en rompant avec une v;>grue politique de conservatisme, de réaction et d'isolement. s'est attaché à réparer le mal. Et sans rien abandonner de nos droits légitimes. il a pénétré notre action extérieure d'un véritable esprit de paix. m Cet esprit s'affirme nettement face à la Russie. Je salue ces paroles de M. Briand dans sa reponse à M. Margaine : « Nous n'avons pas repoussé le '» peuple russe. Nous ne lui avons pas » contesté le (Iroit de régler sa politi!» que intérieure, de se donner le gour» vernement qui lui convient. » Nous sommes loin de la politique d'intervention armée qui a si bien consolidé le bolchevisme, et de celle du fil de fer barbelé, qui déguisait sous une métaphore la même hostilité active. Désormais. la route est ouverte de Russie en Occident. Ce n'est pas aous qui y dressons des barrières. Si la Russie reste une prison, n'est plus nous qui en sommes les geôliers....