Extrait du journal

Actuellement, en dehors de nos trois possessions récemment conquises, IndoChine, Madagascar, Soudan, on peut dire que nos moyens de défense coloniale sont absolument nuls. Nos cinq vieilles colonies, les seules où il y ait une population française, en dehors d'une poignée de fonctionnaires et de fournisseurs de l'Etat, les seules où la langue française soit la langue du pays, Martinique, Guadeloupe, Guyàne, Réunion, et le tout petit établissement de SaintPierre et Miquelon, très important au point de vue de la pêche, sont absolument à la merci de qui sera maître de la mer et voudra les prendre en temps de guerre. Si difficile que soit un débarquement, là où existent les ressources les plus restreintes pour l'empêcher, c'est évidemment l'opération la plus facile partout où il n'y a ni armes ni soldats. Et c'est à peine si l'on compte quelques centaines d'hommes dans les colonies les mieux protégées. Nos populations coloniales ne se refusent nullement au service militaire ; au contraire, leurs représentants le réclament depuis longtemps pour elles. Le jour où elles auraient appris à manier les armes, rien ne serait plus facile et moins coûteux que d'avoir sur place les éléments d'une milice suffisante pour rendre un débarquementimpossible, car le chiffre d'hommes que nos marins de guerre peuvent mettre à terre est forcément très restreint. On ajourne les mesures à prendre à l'époque chimérique où l'armée coloniale sera organisée. Nous avons le temps d'attendre....