Extrait du journal

La douleur de la France n'était pas que sentimentale; elle n'était pas non plus égoïste. Ce qui l'affec tait si profondément dans la défec tion polonaise, ce n'était pas que nous allions manquer d'une alliée pour poursuivre contre l'Allemagne je ne sais quelle tentative d'encerclement dont on garde à Berlin la hantise. La France ne veut pas encercler l'Allemagne. Elle a le sentiment du péril qu'il y aurait à refuser à un grand peuple la juste compréhension de ses difficultés et de ses besoins. Faut-il rappeler à nos amis polonais, à qui la politique de Locamo avait inspiré de si injustes méfiances, les sacrifices faits par notre pays depuis dix ans pour préparer un rapprochement francoallemand peut-être impossible, hélas! mais nécessaire au salut iie l'Europe. La France n'a éprouvé nul dépit, bien au contraire, à voir la Pologne régler avec ses redoutables voisins de l'ouest ce problème de la Vistule qu'on avait pu croire insoluble. Elle se borne à souhaiter, de tout son cœur, que l'arrangement soit sincère des deux côtés, et qu'il soit durable....