Extrait du journal

Question européenne, plus grave, plus directement ressentie par les masses populaires. La France s'est réjoule- sans réticences de ce qu'on a appelé le front de Stresa. Elle ne peut pas méconnaître l'importance de l'amitié italienne pour la tranquillité de notre frontière du SudEst, pour la sûreté de nos communications africaines, pour arrêter en Europe centrale la poussée germanique, qui ne menace pas moins — nos amis de la Petite-Entente ne l'ignorent pas — la Tchécoslovaquie que l'Autriche. Ces diverses considérations, même la dernière, touchent assez peu l'opinion anglaise. Elles sont pour la France d'une importance vitale. Au surplus, et toute question d'intérêt mise à part, l'idée d'un conflit armé avec l'Italie provoque chez la plupart des Français une répugnance invincible. Même au temps où les bataillons de ballilas scandaient leurs marches militaires d'abominables couplets à notre adresse et où l'on pouvait s'entretenir sans rire de coups de mains projetés par les chemises noires sur Nice ou sur Cannes, la France ne pouvait pas se résigner à haïr l'Italie. En dépit des phrases sonores et des gestes de théâtre, elle n'arrivait pas à imaginer la guerre fratricide....