Extrait du journal

il n'y a pas d'organisation ni d'actions collectives possibles si aucun des membres de la collectivité ne ' veut rien céder de son indépen- i dance. Et, par contre, il a toujours 1 été démontré — les cartels écono- ( miques en sont le meilleur exemple — que tous les droits réservés et chaque protection effective des minorités ne peuvent que trop aisément être la source de chicanes et d'entraves pour les intérêts généraux des institutions. Il en est ainsi à la Société des Nations : théori-" quement, sinon pratiquement, le plus petit des Etats de l'Amérique du Sud peut aujourd'hui, s'il dispose d'un siège au conseil, empêcher de prendre 4es mesures essentielles à la sauvegarde de la paix européenne. ' Cet exemple montre d'une manière particulièrement frappante où est, au fond, le principal défaut de l'organisation actuelle de la Société des Nations. On a commencé à construire la Société des Nations par le faîte, et son organisation devient de plus en plus lâche à mesure qu'on descend dans les profondeurs où précisément sont enracinés les intérêts réels des Etats. Ce qui, dès ledébut, a fait défaut à la Société des Nations, et ce qui doit enfin être créé comme condition d'une politique pratique à l'avenir, c'est un groupement des différents intérêts régionaux. En d'autres termes : une sous-organisation par continents. Si, pour des questions capitales, les Etats , d'un même continent sont déjà unis entre eux, une tout autre base se constitue pour l'adoption des décisions importantes. On ne saurait, en effet, imaginer quelque chose de plus compliqué (on pourrait même dire de moins conforme à la logique et aux principes d'une politique réaliste) que de laisser le' monde entier exprimer dès le com men cernent son opinion sur des conflits européens par exemple, au lieu de laisser s'affirmer d'abord une volonté européenne commune, ou du moins la volonté de la majorité des nations principalement intéressées à l'Europe....